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Le Messie : son avènement et le but de sa seconde venue


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Le terme « Messie », en hébreu, signifie « celui qui est oint » et désigne un roi. Le peuple élu d’Israël croyait en la parole de Dieu révélée par les prophètes et promettant qu’Il lui enverrait un roi sauveur. Telle était son attente messianique. Dieu envoya ce Messie en la personne de Jésus Christ. « Christ » est le terme grec pour Messie.Le Messie vient parachever l’œuvre de Dieu pour le salut. Les êtres humains ont besoin du salut à cause de la chute. Aussi devons-nous comprendre d’abord la question de la chute avant de clarifier la signification du salut. En outre, puisque la chute implique l’échec à accomplir le but de Dieu pour la création, avant de pouvoir l’expliquer, il est essentiel de comprendre d’abord le but de la création.

Le but de Dieu pour la création devait être accompli par l’instauration du Royaume de Dieu sur la terre. Toutefois, à cause de la chute, nous avons créé l’enfer sur la terre, au lieu du Royaume de Dieu. Depuis la chute, Dieu n’a pas cessé de mener Sa providence pour réaliser Son Royaume. Parce que l’histoire est l’histoire de la providence de la restauration, elle a pour but premier d’établir le Royaume de Dieu sur la terre[1].

 

Section 1

Le salut par la croix

1.1        Le but de la venue de Jésus comme Messie

Jésus vint en tant que Messie pour le salut complet de l’humanité, et rien de moins ; il devait accomplir le but de la providence de la restauration. Jésus était censé établir le Royaume de Dieu, d’abord sur la terre. Nous en avons pour preuve son propre enseignement à ses disciples : « Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait[2]. » D’après le Principe de la création, une personne qui a réalisé le but de la création ne commet pas de péché, parce qu’elle est en pleine harmonie avec Dieu et possède une nature divine. Par rapport au but de la création, une telle personne est parfaite comme le Père céleste est parfait. Jésus donna cet enseignement à ses disciples avec l’espoir qu’ils pourraient se restaurer en réalisant le but de la création et devenir citoyens du Royaume de Dieu. Il enseigna en outre aux gens à prier pour que la volonté de Dieu soit faite sur la terre comme au ciel, parce qu’il venait pour bâtir le Royaume de Dieu sur la terre et faire des êtres humains déchus des citoyens de ce Royaume. Il exhorta aussi le peuple : « Repentez-vous, car le Royaume des Cieux est tout proche[3]. » Pour la même raison, Jean le Baptiste, qui venait préparer le chemin du Seigneur, annonçait aussi l’imminence du Royaume[4].

Comment sont les êtres humains une fois restaurés, après avoir réalisé le but de la création et être devenus parfaits comme le Père céleste est parfait ? De tels êtres sont en accord parfait avec Dieu et ressentent Son cœur au plus profond d’eux-mêmes. Ils possèdent une nature divine, vivent avec Dieu et sont inséparables de Lui. En outre, ils n’ont pas le péché originel et n’ont donc nul besoin de rédemption ou d’un sauveur. Ils n’ont pas besoin de prier avec ardeur ou de mener une vie de foi, deux choses qui ne sont nécessaires que pour des personnes déchues à la recherche de Dieu. De plus, puisqu’ils n’ont pas le péché originel, leurs enfants naissent naturellement bons et sans péché et n’ont donc pas besoin, eux non plus, d’un sauveur pour la rédemption de leurs péchés.

 

1.2        Le salut a-t-il été accompli par la crucifixion ?

La crucifixion de Jésus, qui nous a apporté la rédemption de nos péchés, a-t-elle accompli le but de la providence de la restauration ? Si tel était le cas, les disciples fervents de Jésus auraient déjà dû restaurer leur nature originelle et établir le Royaume de Dieu sur la terre. Or, l’histoire entière du christianisme ne nous montre aucune personne, si grande ait été sa dévotion, qui ait vécu sa vie dans une unité indivisible avec Dieu. Personne n’a jamais expérimenté le cœur de Dieu dans sa pleine mesure ni possédé une nature divine. Il n’y a jamais eu un seul croyant qui n’ait pas eu besoin de rédemption ou d’une vie de dévotion et de prière ardente. Même Paul, ce grand homme de Dieu, ne pouvait se dispenser d’une vie de foi et de prières baignées de larmes[5]. En outre, aucun parent chrétien, si dévoué soit-il, n’a jamais donné naissance à un enfant sans péché originel, qui puisse entrer dans le Royaume de Dieu sans la grâce de la rédemption par le Sauveur. Les parents chrétiens continuent de transmettre le péché originel à leurs enfants.

Que nous enseigne cet examen objectif de la vie chrétienne ? Elle nous montre que la grâce de la rédemption par la croix n’a ni complètement extirpé notre péché originel ni parfaitement restauré notre nature originelle. Jésus, sachant que la rédemption par la croix n’accomplirait pas totalement le but pour lequel il était venu, promit de revenir. Il comprenait que la volonté de Dieu de restaurer Son Royaume sur la terre était absolue et immuable. Jésus espérait donc revenir et accomplir complètement la volonté de Dieu.

Le sacrifice de Jésus sur la croix a-t-il été vain ? Certes non[6]. S’il l’avait été, le christianisme n’aurait pas connu son histoire illustre. Par ailleurs, nos expériences personnelles de foi suffisent à montrer l’ampleur de la grâce de la rédemption par la croix. S’il est vrai que la crucifixion a racheté nos péchés, il n’en est pas moins vrai qu’elle ne nous a pas totalement lavés de notre péché originel. Elle ne nous a permis ni de restaurer notre nature originelle au stade de perfection, dans lequel nous ne commettrions jamais de péché, ni d’établir le Royaume de Dieu sur la terre.

Comment évaluer la portée exacte du salut par la croix ? Sans réponse à cette question, il est difficile pour nos contemporains d’orienter correctement leur foi. Nous devons donc tout d’abord réexaminer la mort de Jésus sur la croix.

 

1.3        La mort de Jésus sur la croix

Le désir le plus cher de Dieu pouvait-il être la mort de Jésus sur la croix ? Étudions d’abord, selon la Bible, les paroles et les actes de ses disciples. Ils étaient habités par un sentiment unanime évident devant la mort de Jésus : ils étaient au comble du chagrin et de l’indignation. Étienne, par exemple, était profondément choqué par l’ignorance et l’incrédulité des dirigeants juifs, condamnant leurs actes et les qualifiant de traîtres et d’assassins[7]. Depuis lors, les chrétiens partagent communément les mêmes sentiments que les disciples du temps de Jésus. Si la mort de Jésus avait été l’issue prédestinée de l’accomplissement de la volonté de Dieu, les disciples, tout en déplorant naturellement sa mort, n’en auraient pas conçu un tel ressentiment et n’auraient pas nourri de colère contre les dirigeants juifs qui l’avaient causée. Leur réaction amère nous amène à conclure que la mort de Jésus était totalement injuste.

Examinons ensuite, du point de vue de la providence, si la crucifixion de Jésus était prédestinée et inévitable selon la volonté divine. Dieu appela le peuple élu d’Israël parmi les descendants d’Abraham. Il les protégea, les éduqua et leur imposa parfois la rigueur de tribulations et d’épreuves. Dieu envoya des prophètes les assurer de Son inébranlable promesse : un jour, Il leur enverrait un Messie. Il les prépara à recevoir le Messie en leur faisant bâtir la Demeure et le Temple. Quand Jésus naquit, Dieu proclama son avènement. Il fit venir les trois mages de l’Orient, suscitant par ailleurs Simon, Anne, Jean le Baptiste et d’autres pour témoigner largement en sa faveur. À propos de Jean le Baptiste, en particulier, beaucoup savaient qu’un ange était apparu et avait annoncé sa conception[8]. Les miracles entourant sa naissance furent la cause d’une attente pleine d’espoir dans la Judée tout entière[9]. De plus, la vie ascétique de Jean dans le désert était si impressionnante que beaucoup se disaient dans leur cœur qu’il était peut-être le Christ[10]. En envoyant un personnage aussi grand que Jean le Baptiste pour témoigner du fait que Jésus était le Messie, Dieu voulait encourager le peuple juif à croire en Jésus. Puisque la volonté de Dieu était que les juifs de cette époque croient en Jésus comme leur Messie, le peuple juif, qui était entraîné à vivre selon la volonté de Dieu, aurait dû croire en lui. S’ils avaient cru en lui comme Dieu le désirait, auraient-ils même eu l’idée de le clouer à la croix ? Auraient-ils permis qu’un danger quelconque menace ce Messie qu’ils avaient si longuement et impatiemment attendu ? Toutefois, en allant contre la volonté de Dieu et en ne croyant pas que Jésus était le Messie, ils l’envoyèrent à la croix. Nous pouvons ainsi comprendre qu’initialement Jésus ne vint pas pour mourir sur la croix.

Voyons ensuite, d’après les paroles et les actes de Jésus lui-même, si sa crucifixion était vraiment le moyen de réaliser entièrement sa mission messianique. Par ses paroles et ses actes, Jésus voulait inciter son peuple à croire qu’il était le Messie. Ainsi, interrogé sur ce qu’il fallait faire pour prendre part à l’œuvre de Dieu, Jésus répondit :

« L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. »      – Jn 6.29       

Un jour qu’il était exaspéré par l’incrédulité des Pharisiens et qu’il n’avait personne avec qui partager son cœur, Jésus jeta un regard triste sur la ville de Jérusalem. Il pleura amèrement sur le destin du peuple juif que Dieu guidait si laborieusement et affectueusement depuis 2 000 ans. Jésus prophétisa que la ville serait inexorablement détruite, à tel point qu’il n’y resterait pas pierre sur pierre. S’en prenant ouvertement à l’ignorance du peuple, il dit : « … tu n’as pas reconnu le temps où tu fus visitée[11] ! » En une autre occasion, Jésus se lamenta sur l’incrédulité obstinée du peuple de Jérusalem et s’écria :

« Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes et lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants à la manière dont une poule rassemble ses poussins sous ses ailes… et vous n’avez pas voulu ! » – Mt 23.37        

Jésus blâma ceux qui refusaient de croire en lui, alors même qu’ils connaissaient pourtant les Écritures lui rendant témoignage :

« Vous scrutez les Écritures parce que vous pensez avoir en elles la vie éternelle, et ce sont elles qui me rendent témoignage, et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie ! » – Jn 5.39-40                                                  

« Je suis venu au nom de mon Père et vous ne m’accueillez pas. […] Car si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi, car c’est de moi qu’il a écrit. » – Jn 5.43-46

Combien de miracles et de signes Jésus accomplit-il dans ses efforts désespérés pour arracher les gens à leur incrédulité ! Or, même lorsqu’ils étaient témoins des œuvres merveilleuses de Jésus, les dirigeants religieux se moquaient de lui comme d’un homme possédé par Béelzéboul[12]. Confronté à cette situation déplorable, Jésus s’écria :

« … quand bien même vous ne me croiriez pas, croyez en ces œuvres, afin de reconnaître une bonne fois que le Père est en moi et moi dans le Père. » – Jn 10.38

Tançant alors ses adversaires, il dénonça de façon cinglante leur hypocrisie[13]. Par ses paroles et ses actes, Jésus tenta d’amener son peuple à croire en lui, parce que telle était la volonté de Dieu. Si les gens avaient suivi la volonté de Dieu et cru en Jésus comme le Messie, alors qui parmi eux aurait osé l’envoyer à la croix ?

Tous ces indices convergent : nous pouvons conclure que la mort de Jésus sur la croix fut le dénouement tragique dû à l’ignorance et à l’incrédulité de son peuple ; la croix n’était pas nécessaire à la réalisation complète de sa mission messianique. Les paroles ultimes de Jésus sur la croix l’illustrent bien :

« Père, pardonne-leur : ils ne savent ce qu’ils font. » – Lc 23.34                          

Si Dieu avait initialement prédestiné Jésus à mourir sur la croix, celui-ci aurait envisagé ce chemin comme un cours inéluctable. Pourquoi, alors, pria-t-il trois fois : « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme je veux, mais comme Tu veux[14]. » En vérité, Jésus offrit ces prières désespérées parce qu’il savait bien que sa mort ruinerait l’espoir d’instaurer le Royaume de Dieu sur la terre. Ce serait une déception tellement tragique pour Dieu qui avait œuvré si péniblement pendant des millénaires depuis la chute pour réaliser cet espoir. En outre, Jésus savait que l’humanité continuerait à souffrir sans rémission jusqu’à l’époque de la seconde venue.

Jésus disait : « Comme Moïse éleva le serpent dans le désert, ainsi faut-il que soit élevé le Fils de l’homme[15]. » Quand les Israélites perdirent foi en Moïse sur le chemin de Canaan, des serpents brûlants apparurent pour les tuer. Dieu ordonna à Moïse de faire un serpent d’airain et de le placer sur un étendard, afin que tous ceux qui le regarderaient aient la vie sauve[16]. Pareillement, Jésus entrevit qu’en raison de l’échec du peuple élu à croire en lui, l’humanité serait condamnée à demeurer en enfer. Il entrevit qu’il serait alors cloué sur la croix comme le serpent d’airain pour sauver toute l’humanité, offrant le rachat à tous ceux qui se tourneraient vers lui. Pressentant cette possibilité, Jésus prononça cette prophétie avec un cœur douloureux.

Après la crucifixion de Jésus, le déclin d’Israël montre que sa mort sur la croix ne fut pas la volonté de Dieu mais plutôt la conséquence de l’incrédulité du peuple[17]. D’ailleurs, il avait été prophétisé que Jésus viendrait siéger sur le trône de David et établir un royaume qui n’aurait pas de fin :

Car un enfant nous est né, un fils nous a été donné, il a reçu le pouvoir sur ses épaules et on lui a donné ce nom : Conseiller-merveilleux, Dieu-fort, Père-éternel, Prince-de-paix, pour que s’étende le pouvoir dans une paix sans fin sur le trône de David et sur son royaume, pour l’établir et pour l’affermir dans le droit et la justice. Dès maintenant et à jamais, l’amour jaloux de Yahvé Sabaot fera cela. – Is 9.5-6            

Avant la conception de Jésus, un ange apparut à Marie et fit une prédiction similaire :

« Voici que tu concevras dans ton sein et enfanteras un fils, et tu l’appelleras du nom de Jésus. Il sera grand, et sera appelé Fils du Très-Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père ; il régnera sur la maison de Jacob pour les siècles et son règne n’aura pas de fin. » – Lc 1.31-33

Le dessein évident de Dieu pour le peuple élu d’Israël, qu’Il avait conduit à travers toutes sortes de difficultés depuis le temps d’Abraham, était de lui envoyer un Messie et de bâtir un royaume éternel sur la terre. Néanmoins, quand les dirigeants juifs persécutèrent Jésus et l’envoyèrent à la croix, Israël perdit sa qualification de nation fondatrice du Royaume de Dieu. En quelques générations, le peuple juif allait être dispersé sur la face de la terre. Ils subissent, depuis lors, persécution et oppression. On peut y voir la conséquence tragique de la faute que commirent leurs ancêtres en condamnant à mort le Messie – alors qu’ils auraient dû l’honorer – empêchant ainsi l’accomplissement de la providence de la restauration. De plus, non seulement les juifs, mais aussi de nombreux chrétiens fervents, ont porté la croix, payant ainsi leur part pour le péché collectif d’avoir tué Jésus.

 

1.4        La limite du salut grâce à la rédemption par la croix
et le but du second avènement du Messie

Que se serait-il passé si Jésus n’avait pas été crucifié ? Il aurait pu apporter à la fois le salut spirituel et le salut physique. Il aurait à coup sûr établi le Royaume de Dieu éternel et indestructible sur la terre. D’ailleurs cela avait été prédit par le prophète Isaïe, annoncé par l’ange qui apparut à Marie et exprimé par Jésus lui-même quand il proclamait que le Royaume de Dieu était tout proche[18].

Quand Il créa l’être humain, « Dieu modela l’homme avec la glaise du sol, il insuffla dans ses narines une haleine de vie et l’homme devint un être vivant[19] ». Les êtres humains furent donc créés à la fois en esprit et en chair. Leur chute aussi se produisit spirituellement et physiquement. Puisque Jésus venait apporter la plénitude du salut, il était responsable de l’accomplir spirituellement et physiquement. Croire en Jésus, c’est devenir un avec lui. Jésus se comparait ainsi à une vraie vigne, ses disciples étant comparés à des sarments[20]. Il dit aussi : « Ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père et vous en moi et moi en vous[21]. » Pour pouvoir sauver les êtres humains déchus, physiquement aussi bien que spirituellement, il fallait que Jésus vînt dans la chair. Si le peuple avait cru en lui et s’était ainsi uni à lui en chair et en esprit, il aurait reçu le salut tant physiquement que spirituellement. Or, le peuple ne crut pas en Jésus : il l’accula même à la crucifixion. Le corps de Jésus fut livré à la violence de Satan et fut détruit. Aussi, même quand les chrétiens sont unis avec Jésus, leur corps reste exposé aux attaques de Satan, comme le fut celui de Jésus.

Par conséquent, si fervent que puisse être un croyant, il ne peut obtenir le salut physique grâce à la rédemption par la crucifixion de Jésus. Son péché originel, qui est transmis par filiation depuis Adam, n’est pas éliminé à la racine. Même le chrétien le plus fervent a toujours en lui le péché originel qu’il transmet à ses enfants. Dans notre foi personnelle, il se peut que nous sentions la nécessité de mortifier et réprimer notre chair dans nos efforts pour prévenir l’intrusion de Satan qui tente continuellement de nous prendre au piège par notre corps. Nous sommes exhortés à « prier sans cesse[22] » pour éviter les conditions qui permettent à Satan de nous attaquer ; ces conditions viennent du péché originel qui n’a pas été éliminé malgré le salut grâce à la rédemption par la croix.

Jésus ne put accomplir le but du salut complet, à la fois spirituel et physique, car son corps fut frappé par Satan. Il établit toutefois les conditions pour le salut spirituel en assurant, par son sang versé sur la croix, le fondement victorieux qui permit sa résurrection. Il en résulte que tous les croyants depuis sa résurrection bénéficient du salut spirituel, mais pas du salut physique. Le salut obtenu grâce à la rédemption par la croix est uniquement spirituel. Le péché originel influence toujours les chrétiens, même les plus ardents, dans leur chair et se transmet par filiation à leurs descendants. Plus grande est la foi du fidèle, plus âpre est son combat intérieur contre le péché. Même Paul, le plus fervent des apôtres, se désolait de son incapacité à empêcher le péché d’infiltrer sa chair :

Car je me complais dans la loi de Dieu du point de vue de l’homme intérieur ; mais j’aperçois une autre loi dans mes membres qui lutte contre la loi de ma raison et m’enchaîne à la loi du péché qui est dans mes membres. Malheureux homme que je suis ! Qui me délivrera de ce corps qui me voue à la mort ? Grâces soient à Dieu par Jésus Christ notre Seigneur ! C’est donc bien moi qui par la raison sers une loi de Dieu et par la chair une loi de péché. – Rm 7.22-25                                                                 

Ici, nous voyons Paul mettre en contraste la félicité qu’il éprouvait en recevant le salut spirituel avec l’agonie qu’il ressentait face à l’impossibilité de bénéficier du salut physique. Jean confessa aussi :

Si nous disons : « Nous n’avons pas de péché », nous nous abusons, la vérité n’est pas en nous. […] Si nous disons : « Nous n’avons pas péché », nous faisons de lui un menteur, et sa parole n’est pas en nous. – 1 Jn 1.8-10

Bien que nous recevions le salut grâce à la crucifixion de Jésus, nous ne pouvons nous dégager des liens du péché, car le péché originel reste toujours virulent en nous. Aussi, Jésus doit revenir sur terre afin d’extirper le péché originel qu’il ne put éliminer par sa crucifixion et pour accomplir l’œuvre du salut physique. Alors seulement l’œuvre de Dieu pour le salut atteindra son but à la fois spirituellement et physiquement.

 

1.5        Deux sortes de prophéties concernant la croix

Pour quelle raison Isaïe prophétisa-t-il que Jésus subirait l’épreuve de la croix, si sa crucifixion n’était pas indispensable pour l’accomplissement de sa mission messianique[23] ? Nous pourrions penser que la Bible contient seulement des prophéties annonciatrices de la souffrance de Jésus. Toutefois, quand nous la relisons avec la connaissance du Principe, nous découvrons que d’autres passages prophétisent le contraire. Isaïe prophétisa[24], et l’ange annonça à Marie[25], que Jésus deviendrait le roi des juifs de son temps et qu’il établirait un royaume éternel sur la terre. Examinons pourquoi Dieu donna deux types de prophéties contradictoires concernant Jésus.

Dieu créa les êtres humains pour qu’ils atteignent la perfection en accomplissant leur part de responsabilité[26]. En réalité, nos premiers ancêtres ne l’accomplirent pas et chutèrent. Ainsi, les êtres humains ont la possibilité soit d’accomplir leur responsabilité selon la volonté de Dieu, soit d’échouer en agissant contre la volonté de Dieu.

Prenons quelques exemples dans la Bible : c’était la part de responsabilité d’Adam de ne pas manger du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Il pouvait soit obéir au commandement de Dieu et atteindre la perfection, soit manger du fruit et mourir. C’est cette dernière option qu’il choisit. Au cours de l’Ancien Testament, Dieu donna les Dix Commandements et la Loi mosaïque, auxquels le peuple devait obéir pour être sauvé. Sa part de responsabilité était soit de respecter la Loi et de recevoir le salut, soit de lui désobéir et d’aller au désastre[27]. Les Israélites, qui avaient quitté l’Égypte et qui voyagaient vers Canaan, avaient la responsabilité d’obéir aux instructions de Moïse. Ils pouvaient soit se conformer à ses directives et pénétrer en Canaan, soit se rebeller contre lui et ne pas entrer dans la terre promise. Dieu avait en fait annoncé qu’Il guiderait les Israélites vers la terre de Canaan[28] et Il ordonna à Moïse de les y mener. Toutefois le peuple périt dans le désert à cause de son manque de foi, ne laissant que ses descendants atteindre la destination finale.

Les êtres humains ont donc leur propre part de responsabilité ; ils peuvent soit l’accomplir en accord avec la volonté de Dieu, soit échouer en allant contre Sa volonté. La nature des fruits qu’ils portent est différente suivant qu’ils accomplissent ou non leur responsabilité. Pour cette raison, Dieu donna deux sortes de prophéties concernant la réalisation ou non de Sa volonté.

La part de responsabilité de Dieu est d’envoyer le Messie. Mais croire en lui est celle des êtres humains. Le peuple juif pouvait soit croire dans le Messie comme Dieu le désirait, soit ne pas croire en lui contrairement à Son désir. Devant cette incertitude due à la responsabilité humaine, Dieu donna deux sortes de prophéties concernant l’accomplissement de Sa volonté par l’intermédiaire de Jésus. L’une prédisait que Jésus mourrait à cause de l’incrédulité du peuple[29]. L’autre prédisait que le peuple croirait en Jésus et l’honorerait comme le Messie en l’aidant à accomplir la volonté de Dieu dans la gloire[30]. Quand Jésus mourut sur la croix à cause de l’incrédulité du peuple, seules les prophéties du premier type s’accomplirent. Les prophéties du second type ne s’accompliront qu’au second avènement du Messie.

 

1.6        Passages de l’Évangile où Jésus évoqua
sa crucifixion comme si elle était nécessaire

En plusieurs passages de l’Évangile, Jésus a évoqué la croix comme une épreuve nécessaire pour le salut. Ainsi, quand Pierre entendit Jésus prédire son imminente crucifixion et tenta de l’en dissuader, Jésus le rabroua, disant : « Passe derrière moi, Satan ! Tu me fais obstacle[31]. » Pourquoi ce blâme si dur de Jésus contre Pierre ? En vérité, quand Jésus prononça ces paroles, l’incrédulité du peuple élu avait déjà fait échouer ses efforts pour accomplir la providence du salut à la fois spirituellement et physiquement. À ce moment-là, Jésus était fermement décidé à accepter le sort de la crucifixion[32] comme condition d’indemnité pour ouvrir au moins la voie du salut spirituel de l’humanité. En s’y opposant, Pierre aurait pu empêcher Jésus d’ouvrir le chemin du salut spirituel par la croix. C’est pourquoi Jésus le réprimanda.

Les derniers mots de Jésus sur la croix sont un autre exemple : « C’est achevé[33]. » Avec ces paroles Jésus ne voulait pas dire que, par la croix, il avait totalement accompli la providence du salut. Après avoir compris que le peuple persisterait dans son incrédulité, Jésus choisit le chemin de la croix pour établir le fondement du salut spirituel, laissant inachevée la tâche d’accomplir le salut physique jusqu’au temps du second avènement. Ainsi, par les mots « C’est achevé » Jésus voulait dire qu’il avait achevé de poser le fondement pour le salut spirituel, devenu à ce moment-là le but alternatif de la providence.

Pour que notre foi soit authentique, il nous faut tout d’abord communier directement avec Dieu grâce à des expériences spirituelles dans la prière, puis comprendre la vérité par une interprétation correcte des Écritures. C’est pour cela que Jésus nous dit d’adorer « en esprit et en vérité[34] ».

Depuis le temps de Jésus, les chrétiens ont cru qu’il était venu dans ce monde pour mourir sur la croix. Ils n’ont pas compris le but fondamental pour lequel Jésus était venu en tant que Messie et ils se sont mépris sur le salut spirituel qu’il nous a apporté, pensant que cela constituait toute sa mission. Jésus voulait vivre et accomplir sa destinée, mais à cause de l’incrédulité du peuple, il mourut le cœur empli d’un regret infini. Aujourd’hui doivent apparaître sur la terre des croyants au cœur pur – dans la position d’épouses fidèles – qui peuvent soulager le cœur amer et douloureux de Jésus. Des épouses capables de combler les désirs du cœur de Jésus doivent apparaître avant qu’il ne puisse lui-même revenir comme l’époux. Pourtant Jésus déplora : « Mais le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre[35] ? » car il prévoyait qu’à son retour les gens seraient probablement dans l’obscurité.

Notre étude biblique nous a permis de clarifier que Jésus ne vint pas pour mourir sur la croix. Nous pouvons établir ce fait encore plus clairement si nous communiquons avec Jésus spirituellement et le lui demandons directement. Si nous ne pouvons percevoir les réalités spirituelles, nous devrions rechercher les témoignages de ceux qui sont pourvus de tels dons pour pouvoir correctement comprendre le cœur de Jésus et approfondir notre foi. C’est seulement alors que nous serons dignes d’être dans la position d’épouses de Jésus, capables de le recevoir dans les derniers jours.

 

 

Section 2

La seconde venue d’Élie
et Jean le Baptiste

Le prophète Malachie annonça qu’Élie reviendrait : « Voici que je vais vous envoyer Élie le prophète, avant que n’arrive le Jour de Yahvé, grand et redoutable[36]. » Jésus affirma que la venue annoncée d’Élie s’était réellement accomplie en la personne de Jean le Baptiste :

« … or, je vous le dis, Élie est déjà venu, et ils ne l’ont pas reconnu, mais l’ont traité à leur guise. » […] Alors les disciples comprirent que ses paroles visaient Jean le Baptiste. – Mt 17.12-13                                                    

Cependant, ni Jean le Baptiste lui-même ni le peuple juif ne reconnurent que Jean était la seconde venue d’Élie[37]. Cette ignorance renforça les doutes de Jean sur Jésus[38]. Beaucoup de juifs avaient de l’estime pour Jean le Baptiste et respectaient son point de vue. Leur incrédulité à propos de Jésus en fut exacerbée. L’ignorance de Jean fut un facteur majeur qui poussa Jésus à prendre le chemin de la croix.

 

2.1        La croyance des juifs dans le retour d’Élie

Au temps du Royaume uni, l’idéal de Dieu pour Son saint Temple fut contrecarré par Satan à cause des transgressions du roi Salomon[39]. Pour restaurer le Temple et préparer le chemin pour l’avènement du Messie – qui est l’incarnation du Temple – Dieu envoya en Israël quatre prophètes majeurs et douze prophètes mineurs, œuvrant par leur intermédiaire pour purifier Israël de toutes les influences sataniques. En outre, Dieu envoya le prophète Élie affronter les prophètes de Baal sur le mont Carmel ; il les anéantit par la puissance de Dieu et abattit leurs autels. Plus tard, monté sur un char de feu, Élie fut enlevé au ciel dans un tourbillon[40], avant qu’il n’ait pu accomplir sa mission divine. Le pouvoir de Satan reprit de sa vigueur, continuant de miner la providence. Le chemin du Messie ne pouvait être aplani tant que l’influence de Satan n’était pas écartée. Ainsi, avant que Jésus ne puisse incarner l’idéal du Temple, un autre prophète devait hériter et accomplir la mission inachevée d’Élie, qui consistait à rompre les liens du peuple avec Satan. À cause de cette nécessité providentielle, le prophète Malachie prédit qu’Élie devrait revenir[41].

Le peuple juif, qui croyait les prophéties des Écritures, espérait avec ferveur l’avènement du Messie. Mais nous devons savoir qu’il guettait non moins ardemment le retour d’Élie. En effet, Dieu avait clairement promis par le prophète Malachie qu’Il enverrait le prophète Élie, avant l’avènement du Messie, pour préparer le chemin du Seigneur. Élie était monté au ciel environ 850 ans avant la naissance de Jésus ; il résidait depuis dans le monde spirituel. Nous sommes familiers du récit de la Transfiguration, où Élie et Moïse apparurent spirituellement devant les disciples de Jésus[42]. Bien des juifs croyaient que, lorsque Élie reviendrait, il descendrait du ciel de la même manière qu’il y était monté. Tout comme il y a aujourd’hui des chrétiens qui scrutent résolument le ciel, en y guettant la venue du Christ sur les nuées, les juifs de l’époque de Jésus avaient les yeux tournés vers le ciel, attendant impatiemment la venue d’Élie.

Néanmoins, avant que l’on ait entendu la moindre nouvelle d’un retour d’Élie, venu accomplir la prophétie de Malachie, Jésus apparut soudainement, déclarant être le Messie. Il n’est guère étonnant que l’apparition et les déclarations de Jésus aient semé une grande confusion dans tout Jérusalem. Partout où se rendaient les disciples de Jésus, on les pressait de questions sur Élie qui était censé venir en premier. N’ayant pas eux-mêmes d’idée précise, les disciples se tournèrent vers Jésus pour lui demander : « Que disent donc les scribes, qu’Élie doit venir d’abord[43] ? » Jésus répliqua que Jean le Baptiste était cet Élie que le peuple attendait[44]. Puisque les disciples croyaient déjà que Jésus était le Messie, ils acceptèrent volontiers son affirmation que Jean le Baptiste était Élie. Mais comment d’autres juifs, qui ne connaissaient pas Jésus, pouvaient-ils accepter cette déclaration controversée ? Jésus lui-même se doutait qu’ils ne l’accepteraient pas facilement, aussi leur dit-il : « Et lui, si vous voulez m’en croire, il est cet Élie qui doit revenir[45]. » Ce qui accrut encore les difficultés des juifs à croire ses déclarations, ce fut le démenti initial de Jean le Baptiste. Jean avait nié avec force être Élie : « Qu’es-tu donc ? lui demandèrent-ils. Es-tu Élie ? » Il dit : « Je ne le suis pas[46]. »

 

2.2       La direction que le peuple juif allait prendre

Jésus fut très clair : Jean le Baptiste était cet Élie que le peuple avait si impatiemment attendu, alors qu’au contraire, Jean le Baptiste lui-même l’avait absolument démenti. Qui le peuple juif allait-il croire ? Cela dépendait évidemment de celui des deux, Jésus ou Jean, qui paraissait le plus crédible et le plus respectable aux yeux du peuple de cette époque.

Examinons comment Jésus était considéré par le peuple juif. Jésus était un jeune homme sans éducation, qui avait grandi dans le foyer pauvre et modeste d’un charpentier. Ce jeune homme inconnu apparut soudainement et déclara être le « maître du sabbat », alors qu’il semblait violer ce sabbat que les juifs pieux observaient avec la plus grande rigueur[47]. Cela valut à Jésus la réputation d’un homme qui voulait abolir la Loi, alors qu’elle était, pour les juifs, la source du salut[48]. C’est pourquoi les dirigeants de la communauté juive persécutèrent Jésus. Ce dernier fut donc contraint de rassembler des disciples parmi de simples pêcheurs et de devenir l’ami de collecteurs d’impôts, de prostituées et de gens de mauvaise vie avec lesquels on le voyait manger et boire[49]. Pis encore aux yeux des dirigeants juifs, Jésus affirma que les publicains et les prostituées entreraient dans le Royaume de Dieu avant eux[50].

Un jour, une pécheresse vint à Jésus tout en pleurs. Elle se mit à lui arroser les pieds de ses larmes et à les essuyer avec ses cheveux, elle les couvrit de baisers et les oignit de parfum[51]. Recevoir de tels égards d’une pécheresse ou d’une prostituée serait déplacé, même dans la société moderne ; c’était un vrai scandale dans la société juive, avec son code moral austère selon lequel une femme adultère pouvait être lapidée à mort. Or, non seulement Jésus approuva ses gestes empressés, mais il alla jusqu’à faire son éloge et blâma ses disciples lorsqu’ils réprimandèrent cette femme[52].

En outre, Jésus semblait se placer sur un pied d’égalité avec Dieu[53] et affirmait que nul ne pouvait aller à Dieu sinon par lui[54]. Il soutenait qu’on devait l’aimer plus que ses propres père et mère, frères et sœurs, conjoint ou enfants[55]. Ainsi, ses paroles et ses actes paraissaient blasphématoires à beaucoup. Il n’est donc pas surprenant que les dirigeants juifs l’aient critiqué et se soient moqués de lui, l’accusant d’être possédé par Béelzéboul, le prince des démons[56]. Tout cela nous amène à penser que Jésus était loin d’être crédible aux yeux des juifs de son temps.

Comment Jean le Baptiste était-il considéré par les juifs de son époque ? Jean le Baptiste était né dans une famille notoire ; il était le fils de Zacharie, un prêtre. Les miracles et les signes qui entourèrent sa conception et sa naissance surprirent toute la Judée. Un jour, tandis que Zacharie brûlait de l’encens dans le Temple, un ange lui apparut et annonça que son épouse, âgée et stérile, allait bientôt concevoir un fils. Comme il se montrait incrédule devant les paroles de l’ange, il devint soudain muet et ne recouvra l’usage de la parole qu’à la naissance de son enfant[57]. D’autre part, Jean menait une vie exemplaire de foi et d’ascèse au désert, vivant de sauterelles et de miel sauvage. Pour ces raisons, bien des juifs se demandaient s’il n’était pas lui-même le Christ et une délégation de prêtres et de lévites vinrent l’interroger directement[58]. Le peuple juif respectait Jean à ce point.

Dans ces conditions, quand le peuple juif de cette époque comparait Jésus et Jean le Baptiste, lequel lui semblait-il le plus crédible ? Sans aucun doute, les paroles de Jean avaient plus de poids. Aussi croyait-il naturellement Jean le Baptiste quand il niait être Élie, plus qu’il ne croyait Jésus quand il affirmait que Jean était le retour d’Élie. Puisque le peuple croyait Jean, il voyait dans les dires de Jésus une affabulation destinée à appuyer sa prétention messianique contestable. En conséquence, Jésus fut considéré comme un imposteur.

De ce fait, la défiance du peuple à son égard grandit de jour en jour. Les juifs trouvaient ses paroles et ses actes de plus en plus offensants. Croyant davantage les paroles de Jean que celles de Jésus, ils devaient forcément penser qu’Élie n’était pas encore venu. Par conséquent, ils ne pouvaient pas même imaginer que le Messie était déjà là.

Tant que le peuple juif gardait sa foi dans la prophétie de Malachie, il devait rejeter Jésus qui affirmait être le Messie, car à ses yeux, Élie n’était pas encore venu. D’un autre côté, pour croire en Jésus, le peuple aurait été contraint d’ignorer la prophétie biblique qui voulait que le Messie vînt seulement après le retour d’Élie. Puisque les juifs pieux ne pouvaient songer un seul instant à renier les prophéties des Écritures, ils n’avaient pas d’autre choix que de rejeter Jésus.

 

2.3       L’incrédulité de Jean le Baptiste

L’élite juive et les contemporains de Jésus avaient dans leur majorité la plus haute estime pour Jean le Baptiste ; certains voyaient même en lui le Messie. Jean le Baptiste eût-il reconnu qu’il était Élie, comme Jésus l’avait déclaré, ceux qui guettaient ardemment la venue du Messie auraient volontiers cru son témoignage et seraient venus nombreux à Jésus. Malheureusement, son ignorance de la providence amena Jean à nier avec insistance qu’il fût Élie et cela devint la raison principale pour laquelle le peuple juif ne vint pas à Jésus.

Jean le Baptiste rendit témoignage à Jésus dans le Jourdain :

« Pour moi, je vous baptise dans de l’eau en vue du repentir ; mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, dont je ne suis pas digne d’enlever les sandales ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. » – Mt 3.11   

« Et moi, je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau, celui-là m’avait dit : “Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, c’est lui qui baptise dans l’Esprit Saint”. Et moi, j’ai vu et je témoigne que celui-ci est l’Élu de Dieu. » – Jn 1.33-34

Dieu avait directement révélé à Jean que Jésus était le Messie, et Jean témoigna de cette révélation. Il dit de surcroît : « Moi ? la voix de celui qui crie dans le désert : Rendez droit le chemin du Seigneur[59] », et déclara être celui qui avait été envoyé devant le Christ[60]. C’est pourquoi Jean aurait dû comprendre par lui-même qu’il était le retour d’Élie. Même si Jean ne le comprenait pas, puisque Dieu lui avait révélé que Jésus était le Messie, il aurait dû accepter le témoignage de Jésus et, par obéissance, proclamer lui-même être Élie. Toutefois, Jean ignora la volonté de Dieu. Il rejeta le témoignage de Jésus le concernant ; il se sépara en outre de Jésus et prit son propre chemin. Nous pouvons imaginer combien Jésus dut être attristé par la tournure des événements et combien Dieu dut éprouver de chagrin quand Il vit Son fils dans une situation aussi difficile.

En réalité, la mission de Jean le Baptiste comme témoin s’acheva quand il baptisa Jésus et lui rendit témoignage. Qu’aurait dû être ensuite sa mission ? Au moment de la naissance de Jean, son père Zacharie, empli de l’Esprit Saint, avait prophétisé que la mission de son fils serait de servir le Messie, disant : « Or toi aussi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut ; car tu marcheras devant le Seigneur, pour lui préparer les voies[61]… » Considérant cela, après que Jean eut témoigné en faveur de Jésus, il aurait dû, plus que quiconque, le servir comme disciple avec une ardente dévotion tout le reste de sa vie. Toutefois, Jean se sépara de Jésus et s’en alla baptiser indépendamment. Comment s’étonner de la confusion des juifs, allant jusqu’à spéculer que Jean pût être le Messie[62] ? Leurs dirigeants aussi étaient confus[63]. En outre, il s’éleva une controverse entre des disciples de Jean et un juif à propos de la purification et du nombre croissant de personnes qui venaient se faire baptiser par Jésus[64].

Par son propos : « Il faut que lui grandisse et que moi je décroisse[65] », Jean laissait deviner qu’en son cœur, il ne se voyait pas partager la même destinée que Jésus. Si Jean le Baptiste et Jésus avaient marché côte à côte en partageant le même destin, comment Jean aurait-il pu décroître alors que Jésus était appelé à croître ? En réalité, Jean le Baptiste aurait dû être le disciple principal de Jésus, déployant tout son zèle pour proclamer l’Évangile de Jésus. Toutefois, à cause de son aveuglement, il n’accomplit pas sa mission. Il perdit sa précieuse vie dans une affaire relativement insignifiante, alors qu’elle aurait dû être offerte pour Jésus[66].

Quand l’esprit de Jean le Baptiste était concentré sur Dieu, il reconnut Jésus comme le Messie et témoigna de lui. Plus tard, lorsque l’inspiration le quitta et qu’il revint à un état plus commun, son ignorance reprit le dessus, aggravant son incrédulité. Incapable de reconnaître qu’il était le retour d’Élie, Jean se mit à regarder Jésus avec le même scepticisme que les autres juifs, particulièrement après son emprisonnement. Toutes les paroles et tous les actes de Jésus lui semblaient étranges et incompréhensibles. À un moment donné, il essaya de surmonter ses doutes en envoyant ses disciples demander à Jésus : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre[67] ? »

À cette question de Jean, Jésus répondit, indigné et sur le ton de la réprimande :

« Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez : les aveugles voient et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, les morts ressuscitent et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres ; et heureux celui qui ne trébuchera pas à cause de moi ! » – Mt 11.4-6

Jean le Baptiste avait été choisi dès le sein maternel pour seconder Jésus. Il mena une vie ascétique de privations dans le désert, édifiant son ministère pour ouvrir la voie à la venue du Messie. Quand Jésus commença son ministère public, Dieu révéla à Jean, avant tout autre, l’identité de Jésus et l’inspira à témoigner du fait qu’il était Son Fils bien-aimé. Or, Jean ne sut pas recevoir la grâce que le Ciel lui avait accordée. C’est pourquoi, devant la question dubitative de Jean, Jésus ne répondit pas explicitement qu’il était le Messie ; il répondit plutôt indirectement. Jean devait évidemment connaître les miracles et signes de Jésus qui n’en répondit pas moins de façon détournée, rappelant à Jean les œuvres qu’il faisait, avec l’espoir de lui rappeler sa véritable identité.

Nous devons comprendre qu’en disant : « la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres ! », Jésus exprimait sa grande peine quant à l’incrédulité de Jean le Baptiste et de l’élite juive. Les juifs préparés, et en particulier Jean le Baptiste, étaient les personnes riches, abondamment bénies par l’amour de Dieu. Toutefois, parce que tous rejetèrent Jésus, il dut sillonner la Galilée et la Samarie pour y chercher parmi les pauvres ceux qui écouteraient l’Évangile. Ces pauvres étaient des pêcheurs sans éducation, des collecteurs d’impôts et des prostituées. Les disciples que Jésus aurait préféré trouver étaient d’une autre sorte. Puisqu’il était venu établir le Royaume de Dieu sur la terre, Jésus avait davantage besoin d’un chef pour guider mille personnes que de mille personnes prêtes à suivre un chef. Ne prêcha-t-il pas d’abord l’Évangile aux prêtres et aux scribes dans le Temple ? Il s’y rendit pour trouver des personnes préparées et qualifiées.

Néanmoins, comme Jésus l’indiqua dans une parabole, parce que les hôtes conviés à un grand dîner ne vinrent pas, il dut arpenter les rues et les places pour y trouver les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux[68]. Devant cette situation misérable d’avoir à offrir les splendeurs de son festin aux réprouvés de la société, qui n’avaient pas été invités, Jésus laissa poindre sa tristesse dans ses paroles de jugement : « … heureux celui qui ne trébuchera pas à cause de moi[69] ! » Bien que Jean ait été très admiré de son temps, Jésus jugea sa vie, en laissant entendre de façon indirecte que quiconque s’offusquerait à son sujet ne serait pas béni, aussi grand fût-il. Jean se sentit offensé et faillit donc à sa mission de se dévouer pour Jésus le restant de ses jours.

Quand les disciples de Jean eurent fini d’interroger Jésus et furent partis, Jésus exprima que même si Jean était né pour être le plus grand de tous les prophètes, il avait échoué dans la mission que Dieu lui avait confiée :

« En vérité je vous le dis, parmi les enfants des femmes, il n’en a pas surgi de plus grand que Jean le Baptiste ; et cependant le plus petit dans le Royaume des Cieux est plus grand que lui. » – Mt 11.11                                  

Toute personne au ciel est d’abord née d’une femme et a vécu sur la terre. Jean étant le plus grand né d’une femme, on s’attendrait à ce qu’il fût aussi le plus grand dans le Royaume de Dieu. Pourquoi Jean était-il moindre que le plus petit dans le Royaume ? Maints prophètes dans le passé avaient témoigné indirectement du Messie, à plusieurs siècles d’intervalle. Jean, lui, avait pour mission de témoigner du Messie directement. Si témoigner du Messie était la mission essentielle des prophètes, alors Jean le Baptiste ne pouvait qu’être le plus grand des prophètes. Néanmoins, pour ce qui est de servir le Messie, il était le plus petit. Tout le monde dans le Royaume de Dieu, même le plus modeste, devrait savoir que Jésus est le Messie et se dévouer pour lui. Or, Jean le Baptiste, qui avait été appelé pour servir le Messie plus que quiconque, se sépara de Jésus et alla son propre chemin. En termes de dévouement pour Jésus, il était donc moindre que le plus petit dans le Royaume de Dieu.

Jésus poursuivit : « Depuis les jours de Jean le Baptiste jusqu’à présent le Royaume des Cieux souffre violence, et des violents s’en emparent[70]. » Jean le Baptiste avait été choisi, avant même sa naissance, et il mena une vie d’ascèse et de privations au désert. S’il avait servi Jésus avec un cœur sincère, la position de disciple principal de Jésus ne pouvait que lui revenir. Toutefois, parce qu’il échoua dans sa mission de servir Jésus, Pierre, un « violent », s’empara de cette position de disciple principal. De l’expression « depuis les jours de Jean le Baptiste jusqu’à présent », nous pouvons comprendre que les propos de Jésus rapportés dans les versets suivants[71] ne visaient pas en premier lieu le peuple en général, mais plus spécifiquement Jean le Baptiste. Jésus conclut : « Et justice a été rendue à la Sagesse par ses œuvres[72]. » Si Jean avait agi avec sagesse, il n’aurait pas abandonné Jésus et ses actes seraient passés à la postérité comme remplis de justice. Malheureusement, il se comporta de façon insensée. Il bloqua le chemin du peuple juif vers Jésus, ainsi que son propre chemin. Nous pouvons donc comprendre que la raison principale pour laquelle Jésus dut mourir sur la croix fut l’échec de Jean le Baptiste.

 

2.4       En quoi Jean le Baptiste était-il Élie

Nous avons déjà dit que Jean le Baptiste devait hériter et mener à bien la mission d’Élie restée inachevée sur la terre. Comme la Bible le laisse entendre, il naquit avec la mission de marcher devant le Seigneur « … avec l’esprit et la puissance d’Élie, pour ramener le cœur des pères vers les enfants et les rebelles à la prudence des justes, préparant au Seigneur un peuple bien disposé[73] ». C’est donc par sa mission que Jean était la seconde venue d’Élie. Par ailleurs, comme nous le montrerons plus tard en détail[74], Élie revint bien en esprit, s’efforçant d’aider Jean le Baptiste à accomplir la mission que lui-même n’avait pu achever durant sa vie terrestre. Le corps de Jean le Baptiste servait simultanément de corps à Élie pour achever sa mission. Aussi, en raison de leur mission commune, Jean peut être considéré comme la même personne qu’Élie.

 

2.5       Notre attitude face à la Bible

Nous avons appris qu’en raison de son ignorance et de son incrédulité envers Jésus, Jean le Baptiste rendit le peuple juif incrédule et cela a finalement conduit à la crucifixion de Jésus. Jusqu’à aujourd’hui, personne n’a pu dévoiler ce secret céleste, car nous avons lu la Bible à partir de la croyance toute faite que Jean le Baptiste était un grand prophète. Un regard nouveau sur Jean le Baptiste nous enseigne que nous devrions éviter une attitude de foi conservatrice qui nous empêche de remettre en cause les croyances conventionnelles et les doctrines traditionnelles. Ne serait-il pas erroné de parler d’un échec de la mission de Jean le Baptiste s’il l’avait vraiment accomplie ? Pareillement, il est insensé de croire que Jean a accompli sa mission s’il a en fait échoué. Nous devrions faire des efforts constants pour avoir une foi juste en cherchant à la fois en esprit et en vérité. Bien que nous ayons mené notre discussion sur Jean le Baptiste en nous appuyant sur un examen de la Bible, ceux qui ont le don de communiquer spirituellement peuvent voir la situation de Jean le Baptiste et confirmer que la révélation qui précède à son sujet est totalement exacte et véridique.

[1].    cf. Eschatologie 1-2

[2].    Mt 5.48

[3].    Mt 4.17

[4].    Mt 3.1-2

[5].    Rm 7.18-25

[6].    Jn 3.16

[7].    Ac 7.51-53

[8].    Lc 1.13

[9].    Lc 1.63-66

[10].  Lc 3.15

[11].  Lc 19.44

[12].  Mt 12.24

[13].  Mt 23.13-36

[14].  Mt 26.39

[15].  Jn 3.14

[16].  Nb 21.4-9

[17].  Lc 19.44

[18].  Is 9.6 ; Lc 1.31-33 ; Mt 4.17

[19].  Gn 2.7

[20].  Jn 15.5

[21].  Jn 14.20

[22].  1 Th 5.17

[23].  Is 53

[24].  Is 9, 11, 60

[25].  Lc 1.31-33

[26].  cf. Création 5.2.2

[27].  Dt 30.15-20

[28].  Ex 3.8

[29].  Is 53

[30].  Is 9, 11, 60 ; Lc 1.31-33

[31].  Mt 16.23

[32].  Lc 9.30-31

[33].  Jn 19.30

[34].  Jn 4.24

[35].  Lc 18.8

[36].  Ml 3.23

[37].  Jn 1.21

[38].  Mt 11.3

[39].  cf. Parallèles 3

[40].  2 R 2.11

[41].  Ml 3.23

[42].  Lc 9.28-36

[43].  Mt 17.10

[44].  Mt 17.12-13

[45].  Mt 11.14

[46].  Jn 1.21

[47].  Mt 12.1-8

[48].  Mt 5.17

[49].  Mt 11.19

[50].  Mt 21.31

[51].  Lc 7.37-38

[52].  Lc 7.44-50

[53].  Jn 14.9

[54].  Jn 14.6

[55].  Mt 10.37 ; Lc 14.26

[56].  Mt 12.24

[57].  Lc 1.8-66

[58].  Lc 3.15 ; Jn 1.20

[59].  Jn 1.23

[60].  Jn 3.28

[61].  Lc 1.76

[62].  Lc 3.15

[63].  Jn 1.19-20

[64].  Jn 3.25-26

[65].  Jn 3.30

[66].  Mc 6.14-29

[67].  Mt 11.3

[68].  Lc 14.16-24

[69].  Mt 11.6

[70].  Mt 11.12

[71].  Mt 11.16-19

[72].  Mt 11.19

[73].  Lc 1.17

[74].  cf. Résurrection 2.3.2