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La providence pour établir le fondement de la restauration


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Section 1

La providence de la restauration
dans la famille d’Adam

Même si la chute était imputable à l’échec humain, Dieu S’est senti responsable de sauver l’humanité déchue[1]. Aussi a-t-Il immédiatement commencé Sa providence pour restaurer les êtres humains déchus en voulant faire établir le fondement pour le Messie par la famille d’Adam.

Sa parenté de sang avec Satan plaçait Adam dans une position médiane, en relation à la fois avec Dieu et avec Satan[2]. Pour qu’une personne déchue qui se trouve en position médiane soit purifiée, vienne du côté de Dieu et établisse le fondement pour le Messie, il faut qu’elle remplisse une condition d’indemnité. Par conséquent, pour que la providence de la restauration puisse s’accomplir dans la famille d’Adam, les membres de cette famille devaient établir certaines conditions d’indemnité pour restaurer le fondement de foi et le fondement de substance. Le fondement pour le Messie aurait été réalisé grâce à ces deux fondements et alors le Messie aurait pu venir dans la famille d’Adam.

 

1.1        Le fondement de foi

Pour restaurer par l’indemnité le fondement de foi, les êtres humains déchus doivent offrir un objet conditionnel. À cause de son incrédulité Adam perdit la parole de Dieu qui lui avait été donnée pour remplir la condition nécessaire à l’établissement du fondement de foi. Il échoua dans une position qui ne lui permettait plus de recevoir cette parole directement. Par conséquent, pour restaurer le fondement de foi, Adam aurait dû offrir avec foi, d’une manière acceptable par Dieu, un objet conditionnel qui se serait substitué à la parole de Dieu. Dans la famille d’Adam, cet objet était une offrande.

Pour restaurer le fondement de foi, il est nécessaire qu’il y ait aussi une figure centrale. On s’attendrait à voir Adam être la figure centrale dans sa propre famille. Adam aurait dû, semble-t-il, présenter une offrande, et le fait qu’il y parvienne ou non d’une façon acceptable aurait fait de sa tentative d’établir le fondement de foi un succès ou un échec.

Or, dans le récit biblique, on ne voit nulle part Adam présenter une offrande. En fait, ce sont ses fils, Caïn et Abel, qui en ont offert chacun une. Quelle en est la raison ? Selon le Principe de la création, l’être humain est créé pour ne servir qu’un seul maître[3]. Dieu ne peut mener Sa providence selon le Principe avec quelqu’un qui sert deux maîtres. Si Dieu avait accepté Adam et son offrande, Satan aurait utilisé ses liens de sang avec Adam comme condition pour réclamer des droits sur Adam et son offrande. Dans ce cas, Adam se serait trouvé dans une situation contraire au Principe, celle d’avoir à servir deux maîtres : Dieu et Satan. Puisque Dieu ne pouvait mener une telle providence à l’encontre du Principe, Il entreprit de diviser symboliquement Adam, qui incarnait à la fois le bien et le mal, en deux entités, l’une représentant le bien et l’autre représentant le mal – une disposition conforme au Principe. Voilà pourquoi Dieu donna à Adam deux fils, représentant respectivement le bien et le mal, et les plaça dans des positions où chacun n’était en relation qu’avec un seul maître, Dieu ou Satan. Après avoir établi ces règles, Dieu fit présenter des offrandes séparément à chacun des deux fils.

Caïn et Abel étaient tous deux fils d’Adam. Lequel des deux allait représenter le bien et être en relation avec Dieu, et lequel allait représenter le mal et être lié à Satan ? Caïn et Abel étaient l’un comme l’autre le fruit de la chute d’Ève ; leur position relative fut donc déterminée selon le cours de celle-ci. La chute entraîna Ève à consommer deux relations d’amour illicites et distinctes. La première fut la chute spirituelle par sa relation d’amour avec l’archange. La seconde fut la chute physique par sa relation d’amour avec Adam. Certes, il s’agissait dans l’un et l’autre cas d’actes déchus. Entre les deux pourtant, le second acte d’amour était plus proche du Principe et plus pardonnable que le premier. Ce qui motiva Ève à commettre son premier acte déchu fut son désir excessif de goûter ce qu’il n’était pas encore temps pour elle de connaître et aussi le désir que ses yeux s’ouvrent pour être comme Dieu[4]. Ce désir l’amena à consommer un rapport sexuel hors-Principe avec l’archange. En comparaison, le second acte déchu d’Ève avait pour motivation son désir sincère de revenir dans le sein de Dieu après avoir compris que sa première relation déchue avait été illicite. Ce désir l’amena à consommer un rapport sexuel avec Adam, l’époux qui lui était destiné en accord avec le Principe, même s’il est vrai que Dieu ne le permettait pas encore[5].

Caïn et Abel étaient tous deux les fruits de l’amour illicite d’Ève. Dieu fit une distinction entre eux en fonction des deux actes d’amour illicite d’Ève et les plaça en conséquence dans deux positions opposées. En d’autres termes, puisque Caïn était le premier fruit de l’amour d’Ève et le symbole du premier acte d’amour déchu d’Ève avec l’archange, il fut choisi pour représenter le mal. Aussi se trouvait-il dans une position qui le reliait à Satan. Puisque Abel était le deuxième fruit de l’amour d’Ève et le symbole du deuxième acte d’amour déchu d’Ève avec Adam, il fut choisi pour représenter le bien. C’est pourquoi il était dans une position qui le reliait à Dieu.

De son côté Satan avait pris le contrôle de la création que Dieu avait réalisée selon le Principe, et il avait établi un monde hors-Principe n’ayant que l’apparence extérieure de l’univers que Dieu projetait. Dans le monde originel fondé sur le Principe, Dieu entendait élever le fils aîné et le faire hériter du droit d’aînesse. C’est pourquoi Satan éprouvait un plus grand attachement pour l’aîné que pour le cadet. Ayant déjà réclamé l’univers, Satan disputa à Dieu l’aîné, Caïn, qui avait plus de valeur pour lui. Puisque Satan avait un attachement plus fort pour Caïn, Dieu choisit d’être en relation avec Abel.

La Bible témoigne de discriminations entre le fils aîné et le fils cadet. Par exemple, Dieu dit à Caïn : « Mais si tu n’es pas bien disposé, le péché n’est-il pas à la porte, une bête tapie qui te convoite ? pourras-tu la dominer[6] ? » Nous pouvons comprendre par là que Caïn avait une base pour être en relation avec Satan. Quand les Israélites étaient sur le point de quitter l’Égypte, Dieu frappa tous les premiers-nés des Égyptiens et même tous les premiers-nés de leur bétail[7] parce que les Égyptiens, comme vassaux de Satan, se trouvaient dans la position de Caïn. Quand les Israélites retournèrent en Canaan, seuls les Lévites, qui étaient en position du fils cadet Abel, eurent le droit de porter l’arche de l’alliance[8]. Il est écrit que Dieu aimait le deuxième fils Jacob et haïssait le premier fils Ésaü alors qu’ils étaient encore dans le sein maternel[9]. Ce qui les plaçait dans la position de Caïn ou bien dans celle d’Abel était uniquement l’ordre dans lequel ils allaient naître. Alors que Jacob était en train de bénir ses deux petits-fils, Éphraïm et Manassé, il croisa ses mains puis étendit sa main droite et la posa sur la tête d’Éphraïm, le deuxième fils en position d’Abel, pour lui donner la première et la plus grande bénédiction[10]. C’est en fonction de ce principe que Dieu plaça Caïn et Abel dans une position où chacun pouvait être en relation avec un seul maître pour présenter une offrande[11].

Quand Caïn et Abel présentèrent chacun leur offrande, « Yahvé agréa Abel et son offrande. Mais il n’agréa pas Caïn et son offrande[12] ». Pourquoi Dieu accepta-t-Il l’offrande d’Abel, mais rejeta-t-Il celle de Caïn ? Dieu agréa l’offrande d’Abel, parce que ce dernier avait une relation appropriée avec Lui et qu’il fit l’offrande d’une manière acceptable[13]. C’est ainsi qu’Abel réussit à établir le fondement de foi dans la famille d’Adam. Il est l’illustration que toute personne déchue peut faire une offrande acceptable par Dieu, du moment qu’elle peut satisfaire aux conditions nécessaires.

Ce n’est pas parce qu’Il haïssait Caïn que Dieu rejeta son offrande. C’est plutôt parce que Caïn était dans une position qui le liait à Satan, ce qui donnait à ce dernier des droits sur son offrande. Aussi Dieu ne pouvait-Il accepter l’offrande de Caïn à moins que ce dernier ne fît une condition justifiant son acceptation. L’exemple de Caïn nous montre que, pour qu’une personne ayant une relation avec Satan revienne du côté de Dieu, elle doit établir la condition d’indemnité qui convient. Quelle condition d’indemnité Caïn aurait-il dû établir ? C’était la condition d’indemnité pour éliminer la nature déchue.

 

1.2        Le fondement de substance

Si Caïn avait établi la condition d’indemnité pour éliminer la nature déchue, Dieu aurait accepté son offrande avec joie. Le fondement de substance aurait alors été établi dans la famille d’Adam. Comment Caïn aurait-il dû établir la condition d’indemnité pour éliminer la nature déchue ? Nos premiers ancêtres ont chuté en succombant à l’archange dont ils ont hérité la nature déchue. Pour éliminer cette nature déchue, une personne doit établir une condition d’indemnité, en accord avec le Principe de la restauration, prenant un cours qui inverse le processus par lequel les êtres humains l’ont contractée au départ.

L’archange chuta faute d’aimer Adam ; au contraire il l’envia de recevoir plus d’amour de Dieu que lui. Telle est la cause de la première caractéristique fondamentale de la nature déchue : avoir un point de vue différent de celui de Dieu. Pour éliminer cette caractéristique, Caïn, qui avait la position de l’archange, aurait dû adopter le point de vue de Dieu en aimant Abel qui avait la position d’Adam.

L’archange chuta faute de respecter Adam comme médiateur de Dieu et de recevoir l’amour de Dieu par son intermédiaire ; il tenta au contraire de s’emparer de la position d’Adam. Telle est la cause de la deuxième caractéristique fondamentale de la nature déchue : quitter sa position. Pour éliminer cette caractéristique, Caïn, en position d’archange, aurait dû recevoir l’amour de Dieu par l’intermédiaire d’Abel, en position d’Adam, le respectant comme médiateur de Dieu. En agissant ainsi, Caïn aurait assumé correctement sa position.

L’archange chuta en dominant Ève et Adam qui devaient être ses seigneurs légitimes. Telle est la cause de la troisième caractéristique fondamentale de la nature déchue : inverser la souveraineté. Pour éliminer cette caractéristique, Caïn, qui se tenait dans la position de l’archange, aurait dû se soumettre et obéir à Abel, qui se tenait dans la position d’Adam. En acceptant l’autorité d’Abel, Caïn aurait rétabli l’ordre de la souveraineté.

Dieu dit à Adam de ne pas manger du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Adam aurait dû gagner Ève à cette volonté, puis Ève aurait dû à son tour la transmettre à l’archange, multipliant ainsi le bien. Or, c’est l’archange, au contraire, qui gagna Ève à sa volonté mauvaise, prétendant qu’il était licite de manger du fruit. Ève, à son tour, gagna Adam à cette volonté mauvaise et le fit chuter. Telle est la cause de la quatrième caractéristique fondamentale de la nature déchue : multiplier le mal. Pour éliminer cette caractéristique, Caïn, en position d’archange, aurait dû être réceptif aux intentions d’Abel, plus proche de Dieu, et apprendre de lui Sa volonté. Ainsi, Caïn aurait établi un fondement pour multiplier le bien.

De nombreuses situations de la vie humaine correspondent à la situation de Caïn et d’Abel. Quand nous regardons en nous-mêmes, nous voyons que notre for intérieur se complaît dans la loi de Dieu[14]. Il est dans la position d’Abel, alors que notre corps, qui sert une loi de péché[15], est dans la position de Caïn. Nous ne pouvons atteindre le bien que si notre corps écoute et suit notre esprit qui nous dirige vers le bien. Trop souvent, pourtant, notre corps se rebelle contre les directives de l’esprit, reproduisant d’une façon analogue le meurtre d’Abel par Caïn. C’est ainsi que le mal se développe en nous. Voilà pourquoi la vie religieuse exige que notre corps se soumette aux directives de notre esprit plus élevé, tout comme Caïn aurait dû se soumettre à Abel et le suivre.

La tradition des offrandes nous montre un autre exemple. Puisque nous en sommes arrivés au point d’avoir un cœur « rusé plus que tout[16] », les choses de la création se tiennent dans la position d’Abel. Ainsi, en les offrant, nous pouvons nous présenter devant Dieu. Pour donner un nouvel exemple, la tendance universelle à chercher de bons guides et des amis vertueux vient de notre désir très profond de revenir vers Dieu à travers une personne de type Abel, plus proche de Dieu. En nous unissant à elle, nous pouvons nous rapprocher de Dieu. La foi chrétienne nous demande d’être doux et humbles. Par ce mode de vie, nous pouvons rencontrer notre guide de type Abel et nous assurer ainsi un chemin pour revenir vers Dieu.

À tous les niveaux des rapports sociaux – que ce soit entre individus ou entre familles, ou au niveau des communautés, des sociétés, des nations et du monde – nous constatons qu’un parti est dans le rôle d’Abel et l’autre dans le rôle de Caïn. Pour pouvoir restaurer la société à tous les niveaux jusqu’à la situation originellement prévue par Dieu, ceux qui se trouvent en position de Caïn devraient respecter ceux qui sont en position d’Abel et leur obéir. Jésus vint en ce monde comme la personne de type Abel à qui toute l’humanité aurait dû se soumettre et qu’elle aurait dû suivre. C’est pour cela qu’il disait : « Nul ne vient au Père sinon par moi[17]. »

Si Caïn s’était soumis à Abel et avait posé ainsi la condition d’indemnité pour éliminer la nature déchue dans la famille d’Adam, ils auraient tous deux établi le fondement de substance. Avec le fondement de foi déjà posé, la famille d’Adam aurait établi le fondement pour le Messie. Il serait alors venu parmi eux, restaurant le fondement originel des quatre positions. Au lieu de cela, Caïn tua Abel. Par le meurtre d’Abel, Caïn répéta le péché de l’archange, c’est-à-dire qu’il reproduisit le processus qui était à l’origine même des caractéristiques fondamentales de la nature déchue. La famille d’Adam ne réussit donc pas à poser le fondement de substance. Par conséquent, la providence de la restauration ne put s’accomplir dans la famille d’Adam.

 

1.3       Le fondement pour le Messie dans la famille d’Adam

Le fondement pour le Messie s’établit en restaurant d’abord par l’indemnité le fondement de foi, puis en réalisant le fondement de substance. En matière d’offrandes requises, le fondement de foi est restauré quand on fait une offrande symbolique acceptable, et le fondement de substance l’est quand on fait une offrande substantielle acceptable. Examinons le sens et le but de l’offrande symbolique et de l’offrande substantielle.

Les trois grandes bénédictions, but de Dieu pour la création, auraient dû se réaliser quand Adam et Ève, ayant parfait leur personnalité individuelle, seraient devenus mari et femme. Ils auraient donné naissance à de bons enfants, élevé une bonne famille et auraient eu la maîtrise de l’ensemble de la création. Toutefois, à cause de la chute, les trois grandes bénédictions ont été perdues. Le moyen de les restaurer est d’emprunter le chemin inverse. Nous devons d’abord établir le fondement de foi en faisant l’offrande symbolique qui établit une condition d’indemnité pour restaurer toutes les choses et pour restaurer symboliquement les êtres humains. Puis nous devons établir le fondement de substance en faisant l’offrande substantielle qui établit une condition d’indemnité pour la restauration des enfants, puis celle des parents. Sur cette base nous pouvons établir le fondement pour recevoir le Messie.

Nous pouvons considérer le sens et le but de l’offrande symbolique de deux façons. Premièrement, comme nous l’avons vu plus haut[18], Satan domina le monde naturel grâce à son emprise sur les êtres humains, ses maîtres légitimes. C’est pourquoi il est écrit que « toute la création jusqu’à ce jour gémit en travail d’enfantement[19] ». Ainsi, un des buts de l’offrande symbolique de toutes les choses est de leur permettre de se tenir en position de partenaires objets substantiels de Dieu en tant que symboles. Le premier but de l’offrande symbolique est donc d’établir une condition d’indemnité pour ramener le monde naturel à sa relation originelle avec Dieu. Deuxièmement, ayant chuté à une position inférieure aux choses de la création[20], les êtres humains doivent passer par l’intermédiaire des choses pour revenir devant Dieu. Cela découle du Principe de la création qui exige qu’on s’approche de Dieu par l’intermédaire de ce qui est plus proche de Lui. Le deuxième but de l’offrande symbolique est donc d’établir une condition d’indemnité pour la restauration symbolique des êtres humains.

L’offrande substantielle, quant à elle, est une offrande intérieure. Selon l’ordre de la création, puisque Dieu créa d’abord toutes les choses, puis les êtres humains, l’offrande intérieure pour restaurer ces derniers ne peut se faire que sur la base d’une offrande symbolique acceptable. Après avoir accompli l’offrande symbolique, établissant une condition d’indemnité tant pour la restauration de toutes les choses que pour la restauration symbolique des êtres humains, nous devons faire l’offrande substantielle qui établit une condition d’indemnité pour la restauration totale de ces derniers. L’offrande substantielle signifie établir la condition d’indemnité pour éliminer la nature déchue. Cela est essentiel pour une vraie restauration des êtres humains. L’offrande substantielle est accomplie quand une personne en position de Caïn honore la personne en position d’Abel, la plaçant au-dessus d’elle-même comme une offrande. De cette façon, toutes deux établissent la condition d’indemnité pour leur restauration en tant qu’enfants de bonté. En même temps cela sert de condition d’indemnité pour la restauration de leurs parents. Voilà comment l’offrande substantielle peut répondre aux attentes de Dieu.

Que signifie donc la condition d’indemnité pour la restauration des parents ? Afin d’établir le fondement pour le Messie dans la famille d’Adam, celui-ci aurait dû lui-même poser le fondement de foi en faisant l’offrande symbolique. Toutefois, nous l’avons vu, Adam ne pouvait pas faire l’offrande : s’il l’avait tenté, les deux maîtres d’Adam, Dieu et Satan, l’auraient tous deux revendiquée – ce qui aurait été une situation hors-Principe. Il faut ajouter une autre raison ayant trait au sentiment et au cœur. Adam était le pécheur qui avait plongé le cœur de Dieu dans une douleur et une affliction qui allaient durer des milliers d’années. Il n’était pas digne d’être l’élu du cœur de Dieu avec lequel Dieu pourrait œuvrer directement pour mener la providence de la restauration.

Par conséquent Dieu choisit à sa place Abel, le deuxième fils d’Adam, et Il lui fit présenter l’offrande symbolique. Ce dernier établit les conditions d’indemnité pour la restauration de toutes les choses et la restauration symbolique des êtres humains. Si Caïn et Abel avaient posé la condition d’indemnité pour la restauration des enfants en faisant une offrande substantielle acceptable, leur père Adam aurait eu sa part dans la victoire du fondement de substance. Ainsi, la famille d’Adam aurait-elle établi le fondement pour le Messie.

Avant que l’offrande substantielle ne puisse être faite, la figure centrale de l’offrande, la personne offerte, doit être choisie. Dieu fit présenter l’offrande symbolique par Abel pour deux raisons : premièrement, pour lui faire établir le fondement de foi à la place d’Adam ; deuxièmement, pour le qualifier comme la figure centrale de l’offrande substantielle.

Caïn était celui à qui incombait la condition d’indemnité pour éliminer la nature déchue. Cependant, sa réussite aurait été également celle de toute la famille d’Adam. Comment était-ce possible ? Cela peut être comparé à la situation de nos premiers ancêtres, qui auraient pu aider Dieu à accomplir toute Sa volonté s’ils avaient obéi à Sa parole. Songeons aussi à la situation des juifs à l’époque de Jésus, qui auraient pu aider Jésus à accomplir sa volonté d’apporter le salut complet à l’humanité s’ils avaient cru en lui. Si Caïn s’était soumis à Abel et avait posé la condition d’indemnité pour éliminer la nature déchue, les deux enfants auraient été considérés comme l’ayant établie ensemble. Caïn et Abel étaient la descendance d’Adam, l’incarnation du bien et du mal. S’ils s’étaient libérés des chaînes de Satan en établissant la condition d’indemnité pour éliminer la nature déchue, alors leur père Adam aurait aussi été séparé de Satan et se serait tenu sur le fondement de substance. Ainsi le fondement pour le Messie aurait été posé par l’ensemble de la famille. En bref, si Caïn et Abel avaient réussi à faire les offrandes symbolique et substantielle, la condition d’indemnité pour la restauration des parents aurait été accomplie.

En présentant son offrande d’une façon acceptable par Dieu, Abel établit la condition d’indemnité pour restaurer le fondement de foi d’Adam et assura fermement sa position de figure centrale pour l’offrande substantielle. Toutefois, quand Caïn assassina Abel, ils répétèrent la chute au cours de laquelle l’archange avait tué Ève spirituellement. Il est donc évident qu’ils ne posèrent pas la condition d’indemnité pour éliminer la nature déchue et échouèrent dans l’offrande substantielle. Ainsi, ni le fondement de substance ni le fondement pour le Messie ne purent être établis. La providence de la restauration dans la famille d’Adam fut réduite à néant.

 

1.4        Quelques leçons tirées de la famille d’Adam

L’échec de la providence de la restauration dans la famille d’Adam nous enseigne quelque chose sur la prédestination conditionnelle de Dieu pour l’accomplissement de Sa volonté et sur Son respect absolu de la part de responsabilité humaine. Dès le début de la création, Dieu a prédestiné que Sa volonté se réaliserait sur le fondement de l’accomplissement à la fois de la responsabilité de Dieu et de celle de l’être humain. Dieu n’a pu instruire Caïn et Abel sur la façon de faire correctement leurs offrandes, car c’était leur responsabilité que Caïn présente son offrande avec l’aide d’Abel.

Deuxièmement, malgré le meurtre d’Abel par Caïn, Dieu a commencé une nouvelle étape de Sa providence en mettant Seth à la place d’Abel. Cela nous montre que Dieu prédestine de façon absolue la réalisation de Sa volonté, même si Sa prédestination concernant les individus particuliers est conditionnelle. Dieu avait prévu qu’Abel réussirait comme figure centrale de l’offrande substantielle à condition qu’il remplisse sa part de responsabilité. C’est pourquoi, quand Abel ne put assumer sa responsabilité, Dieu choisit Seth à sa place et poursuivit Ses efforts pour accomplir Sa volonté qui doit se réaliser absolument.

Troisièmement, par les offrandes de Caïn et d’Abel, Dieu nous enseigne que les êtres humains déchus doivent constamment chercher une personne de type Abel. Le fait de l’honorer, de lui obéir et de la suivre nous permet d’accomplir la volonté de Dieu, même sans en comprendre tous les aspects.

La providence que Dieu chercha à mener à bien dans la famille d’Adam s’est répétée à de nombreuses reprises à cause du manque de foi des êtres humains. En conséquence, ce cours demeure le cours d’indemnité que nous devons aussi suivre nous-mêmes. La providence de la restauration dans la famille d’Adam est donc riche d’enseignements valables pour notre vie de foi.

 

Section 2

La providence de la restauration
dans la famille de Noé

Caïn tua Abel, empêchant par là même la providence de la restauration de s’accomplir dans la famille d’Adam. Toutefois, Dieu avait prédestiné de façon absolue l’accomplissement du but de la création et Sa volonté demeurait inchangée. Aussi, S’appuyant sur le cœur loyal qu’Abel avait montré envers le Ciel, Dieu choisit Seth à sa place[21]. Parmi les descendants de Seth, Dieu choisit la famille de Noé pour remplacer la famille d’Adam et entamer une nouvelle étape de Sa providence.

Il est écrit que Dieu jugea le monde par le déluge et qu’Il dit à Noé : « La fin de toute chair est arrivée, je l’ai décidé, car la terre est pleine de violence à cause des hommes et je vais les faire disparaître de la terre[22]. » Cela nous montre que l’époque de Noé était celle des derniers jours. Dieu entendait accomplir le but de la création après le jugement par le déluge en envoyant le Messie sur le fondement établi par la famille de Noé. De ce fait, la famille de Noé avait la responsabilité d’accomplir la condition d’indemnité pour restaurer le fondement de foi, puis la condition d’indemnité pour restaurer le fondement de substance. La famille de Noé devait restaurer par l’indemnité le fondement pour le Messie que la famille d’Adam avait échoué à établir.

 

2.1        Le fondement de foi

2.1.1     La figure centrale pour le fondement de foi

Dans la providence de la restauration fondée sur la famille de Noé, celui-ci était la figure centrale pour restaurer le fondement de foi. Dieu appela Noé dix générations, soit 1 600 ans bibliques, après Adam dans le but d’accomplir la volonté qu’Il entendait réaliser avec Adam. Par conséquent, Dieu combla Noé de Ses bénédictions : « soyez féconds, multipliez[23] », tout comme Il avait jadis accordé les trois grandes bénédictions à Adam[24]. En ce sens Noé était le deuxième ancêtre de l’humanité.

Noé fut appelé alors que la terre était remplie de violence[25]. En dépit de sarcasmes moqueurs en tous genres, il travailla pendant 120 ans sur une montagne pour bâtir l’arche, se pliant absolument aux instructions de Dieu. Grâce à cette condition de foi, Dieu put provoquer le jugement par le déluge, en S’appuyant sur la famille de Noé. En ce sens Noé fut le premier père de la foi. Bien qu’on ait coutume de tenir Abraham pour le père de la foi, c’est en fait Noé qui aurait dû avoir cet honneur. Comme nous le verrons, c’est à cause d’un acte déchu de son fils Cham que la mission de père de la foi fut transférée de Noé à Abraham.

Le cas d’Adam a déjà été expliqué. Alors qu’il aurait dû être la figure centrale pour restaurer le fondement de foi, il ne put présenter l’offrande lui-même. La situation de Noé était différente. Dieu l’appela en S’appuyant sur le cœur loyal et fidèle d’Abel qui avait fait une offrande symbolique acceptable. Concernant son lignage, Noé descendait de Seth qui avait été choisi pour remplacer Abel. En outre, Noé était un homme juste et intègre du point de vue de Dieu[26]. Pour ces raisons il était qualifié pour présenter à Dieu l’offrande symbolique en bâtissant l’arche.

 

2.1.2     L’objet conditionnel pour restaurer le fondement de foi

L’objet conditionnel par lequel Noé devait restaurer le fondement de foi était l’arche. L’arche avait une signification symbolique importante. Avant que Noé puisse se tenir à la place d’Adam comme le deuxième ancêtre de l’humanité, il lui fallait d’abord établir la condition d’indemnité pour la restauration de l’univers livré à Satan à cause de la chute d’Adam. Ainsi, l’objet conditionnel que Noé était appelé à offrir d’une façon acceptable devait symboliser le nouvel univers. L’arche remplissait ce rôle.

Elle comportait trois ponts, symbolisant l’univers créé selon les trois stades de la période de développement. Les huit membres de la famille de Noé qui entrèrent dans l’arche représentaient les huit membres de la famille d’Adam qui, ayant été envahis par Satan, devaient être restaurés par l’indemnité. Ainsi, l’arche symbolisait l’univers ; Noé, qui l’avait construite, symbolisait Dieu ; les membres de sa famille symbolisaient l’humanité ; et les animaux amenés dans l’arche symbolisaient le monde naturel tout entier.

Une fois l’arche achevée, Dieu jugea le monde par le déluge pendant 40 jours. Quel était le but du déluge ? Selon le Principe de la création, les êtres humains furent créés pour ne servir qu’un seul maître. Puisque l’humanité était sous l’esclavage de Satan, remplie de corruption et de débauche, pour que Dieu entre en rapport avec elle, il aurait fallu qu’Il accepte la position de second maître. Cela était hors-Principe. Pour cette raison Dieu provoqua le jugement par le déluge, éliminant l’humanité pécheresse pour susciter une famille qui ne serait en relation qu’avec Lui.

Pourquoi Dieu choisit-Il une période de 40 jours pour le déluge ? La signification de la période de 40 jours peut être comprise en saisissant le sens des nombres 4 et 10. Le nombre 10 signifie l’unité[27]. C’est dix générations après Adam que Dieu appela Noé pour restaurer par l’indemnité la volonté qu’Il n’avait pu accomplir avec Adam. En accomplissant une période d’indemnité contenant le nombre 10, Dieu entendait ramener la providence à l’unisson de Sa volonté. De plus, le but de la restauration étant d’accomplir le fondement des quatre positions, Dieu œuvra pour élever chacune des dix générations en établissant une période d’indemnité pour restaurer le nombre 4. En tout, la période d’Adam à Noé était une période d’indemnité pour restaurer le nombre 40. Mais à cause de la luxure des gens de cette époque, cette période d’indemnité sur la base du nombre 40 fut profanée par Satan. La providence de l’arche de Noé était la nouvelle tentative de Dieu pour accomplir le fondement des quatre positions. C’est pourquoi Dieu fixa la durée du jugement par le déluge à 40 jours comme période d’indemnité pour restaurer le nombre 40, profané quand la période précédente avait été livrée à Satan. En accomplissant cette période providentielle d’indemnité Dieu entendait restaurer le fondement de foi.

Le nombre 40 devint caractéristique des providences pour se séparer de Satan qui sont nécessaires pour restaurer le fondement de foi. Il y en a de nombreux exemples : le jugement de 40 jours par le déluge à l’époque de Noé, les 400 ans de Noé à Abraham, les 400 ans d’esclavage des Israélites en Égypte, les deux jeûnes de 40 jours de Moïse, les 40 jours de reconnaissance en Canaan, les 40 ans d’errance des Israélites dans le désert, les 40 ans de règne de chacun des rois Saül, David et Salomon, le jeûne de 40 jours d’Élie, la prophétie de Jonas que Ninive serait détruite 40 jours plus tard, les 40 jours de jeûne et de prière de Jésus au désert, et la période de 40 jours depuis la résurrection de Jésus jusqu’à son ascension.

On lit dans la Bible qu’au bout de 40 jours de pluie Noé lâcha depuis l’arche un corbeau et une colombe[28]. Examinons quels développements providentiels futurs cela préfigurait, puisqu’il est écrit : « Mais le Seigneur Yahvé ne fait rien qu’il n’en ait révélé le secret à ses serviteurs les prophètes[29]. » En bâtissant l’arche et en passant par le jugement des 40 jours de déluge, Noé établit une condition d’indemnité pour la restauration de l’univers. Le déluge correspond à la période de chaos avant la création de l’univers, quand « un souffle de Dieu agitait la surface des eaux[30] ». Par conséquent, les œuvres que Dieu accomplit autour de l’arche à la fin du déluge de 40 jours symbolisent le cours entier de l’histoire suivant la création par Dieu du ciel et de la terre.

Qu’annonçait l’envoi par Noé du corbeau qui tournoya en cherchant un endroit où se poser jusqu’à ce que les eaux aient baissé ? Cela signifie que Satan guettait une condition par laquelle il pourrait envahir la famille de Noé, tout comme l’archange convoitait l’amour d’Ève peu après la création des êtres humains, et tout comme Satan était tapi à la porte, guettant une occasion d’envahir les offrandes de Caïn et d’Abel[31].

Que présageait le triple envoi de la colombe par Noé ? La Bible mentionne que Noé envoya la colombe pour voir si l’eau s’était retirée, mais ce n’était pas le seul but. Noé aurait sûrement pu se pencher par-dessus l’ouverture d’où il envoya la colombe pour se rendre compte par lui-même de la situation. L’envoi de la colombe avait un sens plus profond, se rattachant à la volonté mystérieuse de Dieu. Sept jours après que Dieu l’eut annoncé à Noé, les eaux du déluge submergèrent la terre[32]. 40 jours plus tard, la colombe fut envoyée une première fois. Elle fit des allées et venues mais retourna dans l’arche faute d’avoir trouvé un endroit où se poser, et Noé la fit rentrer dans l’arche[33]. La colombe, au moment du premier envoi, représentait le premier Adam. Dieu créa celui-ci en espérant que Son idéal pour la création, qu’Il avait chéri depuis toujours, se réaliserait en lui comme l’incarnation parfaite de l’idéal divin sur la terre. Toutefois, à cause de la chute d’Adam, Dieu ne put réaliser l’idéal divin sur la terre avec lui. Il fut donc obligé de retirer Son idéal de la terre pour un temps et de reporter son accomplissement à une date ultérieure.

Sept jours plus tard, Noé lâcha la colombe une deuxième fois hors de l’arche. Or, l’eau n’avait toujours pas reflué et la colombe dut encore revenir. Elle portait cette fois un rameau d’olivier dans son bec, signe qu’il y aurait un endroit où elle pourrait se poser la prochaine fois[34]. La colombe, au moment du deuxième envoi, symbolisait Jésus, le deuxième Adam, dont la venue serait la deuxième tentative de Dieu de réaliser l’incarnation parfaite de l’idéal divin sur la terre. Ces versets indiquent que si le peuple élu devait ne pas croire en Jésus, celui-ci n’aurait « pas où reposer la tête[35] » et ne serait donc pas en mesure de réaliser la volonté complète de Dieu sur la terre. Dans cette situation, Jésus devrait prendre le chemin de la croix et revenir dans le sein de Dieu, laissant derrière lui la promesse du second avènement. La colombe revint dans l’arche car l’eau n’avait toujours pas baissé. Par analogie, si les juifs avaient été plus nombreux à servir fidèlement Jésus, il aurait disposé d’un point d’appui sûr pour se tenir parmi eux. Il n’aurait pas été crucifié et aurait poursuivi sa mission en bâtissant le Royaume de Dieu sur la terre.

Sept autres jours s’écoulèrent ; Noé lâcha alors une troisième fois la colombe. Cette fois, la colombe ne revint plus vers l’arche car le sol était sec[36]. La colombe, au troisième envoi, symbolisait le Christ, à son second avènement, qui doit venir comme le troisième Adam. Cela indiquait que le Christ, à son retour, serait sûrement à même de réaliser l’idéal de Dieu pour la création et que cet idéal serait installé sur terre à jamais. Quand la colombe ne revint pas, Noé débarqua enfin de l’arche et arpenta la terre ferme, lavée du péché et renouvelée. Cela annonçait que lors de la réalisation de l’idéal de la création sur la terre, grâce à l’œuvre du troisième Adam, la Jérusalem nouvelle descendrait du ciel et que la demeure de Dieu serait avec les humains[37].

On doit interpréter les présages contenus dans ce récit à la lueur du principe expliqué plus haut : la providence de la restauration peut être prolongée si la personne à qui la providence est confiée faillit à sa responsabilité[38]. Adam perdit la foi et échoua dans l’accomplissement de sa responsabilité. Jésus dut alors venir comme le deuxième Adam. De plus, s’il arrivait que le peuple juif manque de foi en Jésus et échoue dans sa responsabilité, le Christ devrait à coup sûr revenir comme le troisième Adam. Tout comme une période de sept jours avait été nécessaire pour créer le ciel et la terre, les intervalles de sept jours pour envoyer la colombe nous indiquent que la restauration du ciel et de la terre requiert certaines périodes providentielles.

C’est sur cette base que, grâce au jugement des 40 jours, la famille de Noé put restaurer par l’indemnité le fondement de foi en suivant le cours dont l’arche était l’objet conditionnel, conformément à la volonté de Dieu.

 

2.2       Le fondement de substance

Noé parvint à restaurer le fondement de foi en construisant l’arche, une offrande symbolique acceptable pour Dieu. Ce faisant, Noé établit la condition d’indemnité à la fois pour la restauration de toutes les choses et pour la restauration symbolique des êtres humains. Sur ce fondement, les fils de Noé, Sem et Cham, auraient dû se tenir dans les positions respectives de Caïn et d’Abel. S’ils avaient réussi l’offrande substantielle en établissant la condition d’indemnité pour éliminer la nature déchue, ils auraient posé le fondement de substance.

Pour que la famille de Noé fasse une offrande substantielle acceptable, Cham, le deuxième fils de Noé, devait restaurer la position d’Abel, le deuxième fils d’Adam. Il était censé devenir la figure centrale de l’offrande substantielle, tout comme Abel l’avait été dans sa propre famille. Dans la famille d’Adam, Abel avait réussi à faire l’offrande symbolique à la place d’Adam pour restaurer le fondement de foi et se qualifier comme figure centrale de l’offrande substantielle. Dans le cas de la famille de Noé, ce fut Noé, et non Cham, qui fit l’offrande symbolique. Aussi, pour que Cham se tienne dans la position d’Abel, c’est-à-dire celui qui a réussi à faire l’offrande symbolique, il devait démontrer une unité de cœur absolue avec Noé, son père. Examinons comment Dieu œuvra pour aider Cham à ne faire qu’un seul cœur avec Noé.

La Bible rapporte que Cham, voyant son père étendu nu sous sa tente, eut honte de lui et en prit ombrage. Cham attisa les mêmes sentiments chez ses frères Sem et Japhet. Poussés par Cham à avoir honte de la nudité de leur père et détournant la tête pour ne pas le voir, ils marchèrent à reculons et couvrirent son corps avec un manteau. Cet acte constitua un péché tel que Noé blâma Cham, maudissant son fils Canaan en disant : « Qu’il soit pour ses frères l’esclave des esclaves[39] ! »

Pourquoi Dieu mena-t-Il un tel cours providentiel ? Pourquoi était-ce un tel péché d’avoir honte de la nudité ? Pour trancher ces questions, rappelons d’abord ce qui définit le péché[40]. Satan ne peut manifester ses pouvoirs – y compris le pouvoir d’exister et d’agir – à moins d’avoir trouvé d’abord un partenaire objet avec lequel il puisse établir une base commune et commencer une action réciproque de donner et recevoir. Chaque fois que quelqu’un fait une condition favorisant l’invasion de Satan, cela veut dire qu’il s’est laissé entraîner à devenir un partenaire objet de Satan, lui donnant ainsi le pouvoir d’agir. Cela constitue le péché.

Ensuite, voyons pourquoi Dieu testa Cham en l’exposant à la nudité de Noé. On l’a vu, l’arche symbolisait l’univers, et les événements qui suivirent immédiatement la providence de l’arche représentaient les événements qui survinrent aussitôt après la création de l’univers. Ainsi, la position de Noé aussitôt après le déluge était tout à fait semblable à celle d’Adam après la création du ciel et de la terre.

Adam et Ève avant la chute étaient proches dans leur cœur, ouverts en toute innocence l’un à l’autre et aussi vis-à-vis de Dieu ; comme il est écrit, ils n’avaient pas honte de leur nudité[41]. Mais, après avoir chuté, ils éprouvèrent un sentiment de honte. Ils couvrirent leurs parties inférieures de feuilles de figuier, se cachant parmi les arbres du jardin, craignant le regard de Dieu[42]. Cette honte traduisait leur réalité intérieure, car ils avaient créé des liens de sang avec Satan en commettant le péché avec leurs parties sexuelles. En masquant leurs parties inférieures et en se cachant, ils exprimaient leur conscience coupable qui les amenait à avoir honte de se présenter devant Dieu.

Noé, qui avait rompu ses liens avec Satan grâce au jugement par le déluge de 40 jours, était censé assumer la position d’Adam juste après la création de l’univers. Dieu espérait que les membres de la famille de Noé réagiraient à sa nudité sans aucun sentiment de honte et sans songer aucunement à couvrir son corps. Dieu voulait retrouver le cœur allègre qu’Il avait eu en regardant Adam et Ève dans leur innocence avant la chute, en prenant plaisir à l’innocence de la famille de Noé. Dieu permit à Noé de s’étendre nu pour accomplir ce souhait si profond. Si Cham avait été uni avec Noé dans son cœur, le considérant avec le même cœur et du même point de vue que Dieu, il aurait vu sa nudité sans aucun sentiment de honte. Ainsi aurait-il établi la condition d’indemnité pour restaurer dans la famille de Noé l’état d’innocence d’Adam et Ève avant leur chute.

Ainsi pouvons-nous comprendre que lorsque les fils de Noé eurent honte de la nudité de leur père et couvrirent son corps, cela revenait à admettre qu’eux-mêmes, comme la famille d’Adam après la chute, avaient formé un lien de parenté honteux avec Satan et étaient donc indignes de revenir devant Dieu. Satan, comme le corbeau planant au-dessus de l’eau, guettait une condition pour envahir la famille de Noé. Il l’attaqua en prenant les fils de Noé comme partenaires objets quand ils manifestèrent, par leur comportement, qu’ils appartenaient bien à son lignage.

Quand Cham eut honte de la nudité de son père et fit en sorte de la couvrir, il accomplit une condition pour l’invasion de Satan ; ses sentiments et son acte constituaient donc un péché. L’acte de Cham ne permettait donc pas de restaurer la position d’Abel pour faire l’offrande substantielle. Puisqu’il ne put établir le fondement de substance, la providence de la restauration dans la famille de Noé s’acheva par un échec.

Est-ce toujours un péché de regarder la nudité en ayant honte ? Non. Noé était un cas particulier. Dans la position d’Adam, Noé avait la mission d’éliminer toutes les conditions qui avaient rendu Adam vulnérable à l’attaque de Satan. S’ils n’avaient pas eu honte de la nudité de Noé et n’avaient pas tenté de la couvrir, ses fils auraient établi la condition d’indemnité pour restaurer la position de la famille d’Adam dans son innocence originelle avant son pacte de sang avec Satan. Aussi était-ce une condition d’indemnité que seule la famille de Noé devait poser.

 

2.3       Quelques leçons tirées de la famille de Noé

Il n’est aisé pour personne de comprendre la persévérance de Noé à construire l’arche sur la montagne pendant 120 longues années, subissant pendant tout ce temps de dures critiques et des railleries. Cham savait bien que sa famille avait été sauvée grâce aux efforts de son père. C’est pourquoi Cham aurait dû avoir un tel respect pour Noé qu’il aurait surmonté sa gêne devant la nudité de son père, en montrant un tant soit peu de compréhension. Or, au lieu de faire confiance à Noé qui s’était justifié devant le Ciel, Cham le critiqua dans une optique égocentrique et montra sa contrariété par ses actes. Son irrespect eut pour effet de faire échouer les longs efforts de Dieu pour mener à bien Sa providence avec la famille de Noé. Nous aussi avons besoin d’humilité, d’obéissance et de patience pour suivre le chemin qui mène au ciel.

La providence dans la famille de Noé nous renseigne aussi sur la prédestination conditionnelle de Dieu concernant l’accomplissement de Sa volonté et sur Son respect de la responsabilité humaine. Dieu a trouvé la famille de Noé après 1 600 ans de préparation. Il a guidé Noé pendant les 120 ans de construction de l’arche, Il a sauvé sa famille au prix du sacrifice du reste de l’humanité dans le déluge. Or, bien que les membres de la famille de Noé aient été les bien-aimés de Dieu dans la providence de la restauration, quand la faute apparemment bénigne de Cham permit à Satan de les souiller, la volonté de Dieu, centrée sur cette famille, fut réduite à néant.

Enfin, la providence centrée sur la famille de Noé nous édifie sur la prédestination conditionnelle de Dieu pour les êtres humains. Bien que Dieu ait fait des efforts sans relâche pendant si longtemps pour trouver Noé et l’établir comme père de la foi, quand sa famille n’a pu accomplir sa responsabilité, Il n’a pas hésité, bien qu’à regret, à abandonner Noé pour choisir plus tard Abraham à sa place.

 

Section 3

La providence de la restauration
dans la famille d’Abraham

À cause de l’acte déchu de Cham, la providence de la restauration n’a pu s’accomplir avec la famille de Noé. Toutefois, Dieu a absolument prédestiné que le but de la création s’accomplirait un jour. En conséquence, sur le fondement de la loyauté du cœur de Noé envers le Ciel, Dieu appela Abraham et Il commença avec sa famille une nouvelle étape dans la providence de la restauration.

La famille d’Abraham devait restaurer le fondement pour le Messie que la famille de Noé avait laissé inachevé et recevoir le Messie sur ce fondement. Ainsi, comme Noé avant lui, Abraham devait restaurer le fondement de foi et ses fils le fondement de substance.

 

3.1        Le fondement de foi

3.1.1     La figure centrale pour le fondement de foi

Au cours de la providence de la restauration dans sa famille, Abraham était la figure centrale pour restaurer le fondement de foi. Dieu choisit Abraham afin de continuer la mission qu’Il avait voulu accomplir avec Noé. Toutefois, Abraham ne pouvait hériter de cette mission sans que soient d’abord restaurées toutes les conditions demandées à Noé, mais qui avaient été perdues et prises par Satan à cause du péché de Cham.

Les premières conditions que la famille de Noé perdit au profit de Satan étaient les dix générations d’Adam à Noé et la période de jugement de 40 jours. Aussi fallait-il que dix autres générations soient restaurées avant que ne puisse commencer la mission d’Abraham. Chacune de ces dix générations devait restaurer le nombre 40 qui représentait le jugement par le déluge. Dès lors que le déluge de 40 jours s’était soldé par un échec, la restauration de chaque génération devait durer le temps d’une génération ; cela ne pouvait s’accomplir en seulement 40 jours. La providence pour restaurer le déluge dans chacune de ces dix générations devait prendre une période plus longue : 40 ans. Cela est semblable à la situation de l’époque de Moïse, quand la restauration de la mission manquée de reconnaissance du pays de Canaan en 40 jours eut pour conséquence l’errance du peuple dans le désert pendant 40 ans[43]. Aussi, après qu’une période d’indemnité de dix générations et de 400 ans se fut écoulée[44], Dieu choisit Abraham pour hériter de la mission de Noé. En passant ainsi d’une période de 1 600 ans d’Adam à Noé à une période de 400 ans de Noé à Abraham, pour restaurer dans les deux cas dix générations, nous constatons que la durée de vie a été considérablement raccourcie après Noé.

Les autres conditions perdues par la famille de Noé et prises par Satan correspondaient à la position de père de la foi ainsi qu’à la position de Cham qui devait endosser le rôle d’Abel. Aussi Abraham ne pouvait-il se tenir dans la position de Noé sans restaurer d’abord par l’indemnité les rôles respectifs de père de la foi et de Cham. Pour remplacer Noé dans le rôle de père de la foi, Abraham devait présenter une offrande symbolique avec foi et un cœur loyal, comme l’avait fait Noé en construisant l’arche. Ensuite, comment Abraham pouvait-il restaurer la position de Cham ? Ce dernier était censé représenter Abel, le bien-aimé de Dieu : tous deux étaient des fils cadets, choisis pour être les figures centrales de l’offrande substantielle. Puisque Satan avait revendiqué Cham, Dieu, selon le principe de la restauration par l’indemnité, était obligé de prendre quelqu’un auquel Satan était très attaché. Voilà pourquoi Dieu appela Abraham, qui était le premier fils de Térah, un fabricant d’idoles[45].

Abraham devait hériter de la mission de Noé et donc de la mission d’Adam. À ce titre il représentait l’Adam restauré. Dieu bénit Abraham comme Il avait béni Adam et Noé :

« Je ferai de toi un grand peuple, je te bénirai, je magnifierai ton nom ; sois une bénédiction ! Je bénirai ceux qui te béniront, je réprouverai ceux qui te maudiront. Par toi se béniront tous les clans de la terre. » – Gn 12.2-3   

Après avoir reçu cette bénédiction, se soumettant au commandement de Dieu, Abraham quitta la maison de son père à Harân et se mit en route pour le pays de Canaan, avec son épouse, Sara, son neveu Lot et tous ses biens et serviteurs[46]. En ce sens, Dieu fit du cours d’Abraham le cours modèle pour restaurer Canaan, que Jacob et Moïse ont suivi en leur temps. Jacob et Moïse ont amené leurs proches et tous leurs biens, respectivement de Harân et d’Égypte, et sont revenus en Canaan tout en rencontrant maintes difficultés en cours de route. Le cours d’Abraham préfigurait aussi le cours futur de Jésus : reprendre toute l’humanité et toutes les choses au monde satanique et les ramener vers Dieu[47].

 

3.1.2     Les objets conditionnels offerts pour le fondement de foi

3.1.2.1 L’offrande symbolique d’Abraham

Dieu ordonna à Abraham d’offrir une tourterelle et un pigeonneau, une chèvre et un bélier, et une génisse[48]. Tels étaient les objets conditionnels qu’il offrit pour restaurer le fondement de foi. Mais avant de pouvoir présenter l’offrande symbolique, Abraham devait montrer une vraie foi, tout comme Noé avait montré son intégrité avant de bâtir l’arche comme offrande symbolique. La Bible n’explique pas clairement comment Noé montra sa foi. Mais d’après le verset : « Noé était un homme juste, intègre parmi ses contemporains, et il marchait avec Dieu[49] », nous pouvons penser que Noé fit preuve de foi avant d’être jugé digne de recevoir le commandement divin de construire l’arche. En vérité, ceux qui suivent la voie de la restauration doivent constamment renforcer leur foi[50]. Étudions à présent comment Abraham renforça sa foi pour se préparer à faire l’offrande symbolique.

Puisque Noé était le deuxième ancêtre de l’humanité, pour qu’Abraham restaure la position de Noé, il lui fallait aussi assumer la position d’Adam. Pour cette raison il avait à établir une condition d’indemnité symbolique pour restaurer la position de la famille d’Adam avant de pouvoir faire l’offrande symbolique en tant que telle.

À ce propos la Bible fait le récit d’un voyage qu’Abraham effectua en Égypte à cause d’une famine[51]. Au moment d’entrer en Égypte, Abraham ordonna à son épouse Sara de se faire passer pour sa sœur, car il craignait que le pharaon ne la désirât. Abraham redoutait d’être tué par le pharaon si ce dernier s’apercevait qu’il était le mari de Sara. Et de fait, sur l’ordre du pharaon, Abraham lui céda Sara alors qu’elle se faisait passer pour sa sœur. Sur ce, Dieu châtia le pharaon, Abraham reprit son épouse et son neveu Lot, ainsi que les abondantes richesses que le pharaon lui avait données, et il quitta l’Égypte.

Sans le savoir, Abraham suivit ce cours providentiel qui servait de condition d’indemnité symbolique visant à restaurer la position de la famille d’Adam. Quand l’archange prit Ève – prenant sous sa coupe tous les descendants d’Ève ainsi que le monde naturel – Adam et Ève étaient encore frère et sœur. Pour établir une condition d’indemnité qui restaure cette situation, Abraham fut dépossédé de Sara, qui jouait le rôle de sa sœur, par le pharaon, qui représentait Satan. Il dut ensuite la reprendre comme son épouse au pharaon, ainsi que Lot, représentant toute l’humanité, et des richesses, symbolisant le monde physique. Ce cours que suivit Abraham était le cours type que Jésus suivrait un jour. Après avoir établi cette condition d’indemnité, Abraham fut jugé digne de faire l’offrande symbolique.

Que signifiait l’offrande symbolique d’Abraham ? Devenir père de la foi impliquait pour Abraham de restaurer non seulement la position de Noé, que Dieu avait voulu établir comme père de la foi, mais aussi la famille de Noé. Il devait en outre restaurer la position d’Adam et celle de sa famille. Il lui incombait donc d’offrir de façon acceptable des objets conditionnels pour restaurer tout ce que la famille d’Adam était censée accomplir par les offrandes de Caïn et d’Abel, et des objets conditionnels pour restaurer tout ce que la famille de Noé essaya d’accomplir par la construction de l’arche. L’offrande symbolique d’Abraham consistait en objets chargés de ce sens symbolique.

Abraham offrit trois types d’objets conditionnels pour son offrande symbolique : premièrement une tourterelle et un pigeonneau, deuxièmement une chèvre et un bélier, et troisièmement une génisse. Ces trois sacrifices symbolisaient l’univers dont l’achèvement nécessita trois stades de développement. La tourterelle et le pigeonneau représentaient le stade de formation. Quand Jésus fut baptisé par Jean le Baptiste dans le Jourdain, l’Esprit de Dieu descendit comme une colombe et vint sur lui[52]. En effet, Jésus venait achever l’ère de l’Ancien Testament qui, en tant que stade de formation de la providence, était symbolisé par la colombe. Il y avait de plus une autre raison à cette vision de la colombe se posant sur Jésus. Il devait restaurer la faute d’Abraham lors de l’offrande de cette tourterelle et de ce pigeonneau dont Satan, comme nous le verrons, s’empara prestement.

La chèvre et le bélier représentaient le stade de croissance. Quand Jésus eut conclu l’ère de l’Ancien Testament, restaurant ainsi tout ce qui était représenté par la colombe, il inaugura l’ère du Nouveau Testament au stade de croissance de la providence, où tout ce qui était représenté par la chèvre et le bélier devait être restauré. Après que Jean le Baptiste eut témoigné avoir vu l’Esprit descendre sur Jésus sous forme d’une colombe – ce qui signifiait que Jésus était celui qui accomplissait le stade de formation de la providence – il témoigna que Jésus commencerait sa mission au stade de croissance, disant : « Voici l’agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde[53]. »

La génisse représentait le stade d’accomplissement. On rapporte l’histoire de Samson qui posa un jour une énigme aux Philistins. Ceux-ci en obtinrent la clef en poussant son épouse à le harceler pour qu’il la révèle. Samson leur dit : « Si vous n’aviez pas labouré avec ma génisse, vous n’auriez pas trouvé mon énigme[54]», usant donc de la métaphore de la génisse pour sa femme. Jésus vint comme l’époux de toute l’humanité. Tous les croyants fervents devraient devenir comme ses épouses guettant le temps de son retour. Après avoir célébré les noces de l’Agneau avec leur époux, le Christ, ces promises seront amenées à vivre dans le Royaume de Dieu unies avec lui comme ses épouses (métaphoriquement parlant). Aussi l’ère du Testament accompli qui suit le second avènement du Christ est-elle celle de la génisse ou de l’épouse. Si certains spiritualistes ont reçu la révélation que l’ère présente est celle de la vache ou de la génisse, c’est que nous entrons dans le stade d’accomplissement.

Que devaient indemniser les trois sacrifices ? Abraham devait restaurer par cette offrande tout ce que Dieu n’avait pu restaurer par les offrandes symboliques faites par les familles d’Adam et de Noé – offrandes qui furent faites correctement, puis prises par Satan du fait des échecs ultérieurs. L’offrande d’Abraham devait aussi établir une condition d’indemnité symbolique en restitution de leurs échecs dans l’offrande substantielle. Autrement dit, l’offrande symbolique par Abraham des trois types d’objets conditionnels visait à restaurer dans sa génération (horizontalement) toutes les conditions d’indemnité liées aux échecs, accumulées au cours de la providence (verticalement) à travers les trois générations d’Adam, de Noé et d’Abraham.

Pourquoi Abraham a-t-il mis les trois sacrifices – la tourterelle et le pigeonneau, la chèvre et le bélier, et la génisse, symbolisant les stades de formation, de croissance et d’accomplissement – sur un seul autel ? Avant la chute, Adam avait la responsabilité de croître en traversant les trois stades dans sa propre vie. De même Abraham, placé dans la position d’Adam, était censé restaurer en une seule fois la longue providence que Dieu avait menée avec les trois générations providentielles d’Adam (formation), de Noé (croissance) et d’Abraham (accomplissement). Il pouvait restaurer en une seule offrande toutes les conditions profanées contenant le nombre 3. Le symbolisme du sacrifice d’Abraham révèle la volonté de Dieu d’accomplir la providence entière de la restauration une fois pour toutes.

Étudions à présent comment Abraham fit l’offrande symbolique :

Il [Dieu] lui dit : « Va me chercher une génisse de trois ans, une chèvre de trois ans, un bélier de trois ans, une tourterelle et un pigeonneau. » Il lui amena tous ces animaux, les partagea par le milieu et plaça chaque moitié vis-à-vis de l’autre ; cependant il ne partagea pas les oiseaux. Les rapaces s’abattirent sur les cadavres, mais Abram les chassa. Comme le soleil allait se coucher, une torpeur tomba sur Abram et voici qu’un grand effroi le saisit. Yahvé dit à Abram : « Sache bien que tes descendants seront des étrangers dans un pays qui ne sera pas le leur. Ils y seront esclaves, on les opprimera pendant quatre cents ans. » – Gn 15.9-13   

Abraham n’ayant pas partagé la tourterelle et le pigeonneau comme il aurait dû le faire, des rapaces s’abattirent sur leurs cadavres et les profanèrent. En raison de sa faute, les Israélites durent aller en Égypte et y souffrir pendant 400 ans. Pourquoi était-ce un tel péché de ne pas couper les oiseaux en deux ? On ne peut comprendre cette question qu’à la lueur du Principe.

Étudions pour quelle raison Abraham reçut l’instruction de couper les sacrifices en deux. L’œuvre de Dieu pour le salut vise à restaurer la souveraineté du bien en séparant d’abord le bien et le mal, et en détruisant ensuite le mal pour développer le bien. C’est la raison pour laquelle Adam devait être divisé en Caïn et Abel avant que l’offrande ne puisse être effectuée. C’est la raison pour laquelle, à l’époque de Noé, Dieu frappa le mal par le jugement du déluge, choisissant la famille de Noé pour représenter le bien. Dieu demanda à Abraham de couper les sacrifices avant de les offrir avec le dessein de séparer symboliquement le bien du mal, ce qui était resté inachevé avec Adam et Noé.

Les sacrifices devaient être divisés, premièrement pour restaurer la situation dans la famille d’Adam, où Abel et Caïn avaient été séparés en tant que représentant du bien et représentant du mal ; deuxièmement, pour restaurer la condition de séparation du bien et du mal lors des 40 jours du déluge à l’époque de Noé ; troisièmement, pour établir la condition symbolique visant à séparer une sphère de souveraineté du bien, de l’univers dominé par Satan ; quatrièmement, pour offrir la condition de sanctification de l’offrande en purgeant le sang de mort qui avait fait son apparition dans le genre humain quand Adam et Ève s’étaient unis par des liens de sang avec Satan.

Pourquoi était-ce un péché de ne pas partager l’offrande ? Premièrement, ne pas diviser l’offrande signifiait ne pas séparer Abel et Caïn. Sans être divisée, l’offrande ne pouvait être acceptée par Dieu, ne Lui fournissant pas de partenaire objet de type Abel qu’Il pût revendiquer. Dès lors, les fautes que Caïn et Abel avaient commises au cours de leurs offrandes n’étaient pas restaurées. Deuxièmement, ne pas diviser l’offrande revenait à répéter l’échec de la providence à l’époque de Noé, quand le bien et le mal demeurèrent mélangés malgré le déluge. Comme l’échec de la famille de Noé, celui d’Abraham, lorsqu’il ne partagea pas l’offrande, privait Dieu de Son partenaire objet du bien. Il réitérait ainsi la faute qui avait voué à l’échec la providence du déluge. Troisièmement, ne pas diviser l’offrande signifiait qu’il n’y avait pas de condition symbolique permettant de séparer une sphère de souveraineté du bien, régie par Dieu, de l’univers dominé par Satan. Quatrièmement, parce que le sang de mort n’était pas purgé, ne pas diviser l’offrande signifiait que celle-ci ne pouvait être sanctifiée et acceptée par Dieu. En d’autres termes, quand Abraham offrit les oiseaux sans les partager au préalable, cela signifiait qu’il offrait quelque chose n’ayant pas été soustrait à l’emprise de Satan. Sa faute eut pour effet de reconnaître à Satan le droit de les posséder.

La tourterelle et le pigeonneau, symbolisant le stade de formation, demeuraient en la possession de Satan. Celui-ci réclama donc aussi la chèvre et le bélier, symbolisant le stade de croissance, et la génisse, symbolisant le stade d’accomplissement, lesquels auraient dû être accomplis sur la base du stade de formation. Puisque cela avait pour effet de céder l’offrande symbolique tout entière à Satan, ne pas diviser les oiseaux constituait un péché.

Voyons ensuite ce que signifie le verset où des rapaces s’abattirent sur les cadavres. Depuis la chute de nos premiers ancêtres, Satan traque toujours ceux avec lesquels Dieu œuvre pour accomplir Sa volonté. Quand Caïn et Abel présentèrent leurs offrandes, Satan était tapi à la porte[55]. Dans l’histoire de Noé, le corbeau, par ses allées et venues, montre comment Satan guettait une occasion d’envahir la famille de Noé juste après le déluge[56]. De même, tandis qu’Abraham faisait son offrande symbolique, Satan se tenait à l’affût, cherchant une occasion de s’emparer du sacrifice. Il souilla cette offrande dès qu’il vit que les oiseaux n’avaient pas été partagés. La Bible y fait allusion par l’image des rapaces s’abattant sur le sacrifice.

L’erreur d’Abraham dans l’offrande symbolique entraîna la profanation de l’offrande. Toutes les conditions que Dieu voulait restaurer à travers elle furent perdues. En conséquence, les descendants d’Abraham ont dû subir 400 ans d’esclavage et d’oppression en terre d’Égypte. Étudions-en la raison.

Dieu appela Abraham et lui ordonna de présenter l’offrande symbolique au terme d’une période de 400 ans de séparation d’avec Satan. Cette période avait été établie pour restaurer par l’indemnité les dix générations d’Adam à Noé et la période de 40 jours du jugement par le déluge prises par Satan à cause du péché de Cham. C’était aussi la période d’indemnité nécessaire pour faire d’Abraham le père de la foi, à même de présenter l’offrande symbolique. Quand sa faute dans l’offrande symbolique permit à Satan de s’emparer de cette offrande, la période de 400 ans (de Noé à Abraham) fut aussi revendiquée par Satan. Pour recréer au niveau national la situation antérieure à l’échec d’Abraham dans l’offrande symbolique, elle-même parallèle à celle où Noé fut appelé à construire l’arche, Dieu fixa une autre période de 400 ans de séparation d’avec Satan. Durant cette période les Israélites sont devenus esclaves en Égypte. Leurs épreuves durant cette période devaient permettre aux Israélites de restaurer – cette fois au niveau national – les situations de Noé et d’Abraham au début de leur mission de père de la foi, posant par là même le fondement pour que Moïse pût commencer sa mission. Cette période d’esclavage fut donc autant celle de la punition des Israélites pour la faute d’Abraham qu’une période durant laquelle ils posèrent le fondement pour se couper de leurs liens avec Satan et commencer une nouvelle providence.

Comme on l’a expliqué plus haut, Dieu avait espéré accomplir en une seule fois les providences aux stades de formation, croissance et accomplissement en permettant qu’Abraham réussisse l’offrande symbolique des trois types de sacrifices sur un même autel. Contrariant ce plan, Abraham échoua, répétant ainsi les fautes du passé. Par conséquent, la providence centrée sur lui fut prolongée par les trois générations d’Abraham, Isaac et Jacob.

 

3.1.2.2 Le sacrifice d’Isaac par Abraham

Après qu’Abraham eut échoué dans l’offrande symbolique, Dieu lui ordonna d’offrir Isaac, son fils unique, en holocauste[57]. De cette façon, Dieu commençait une nouvelle providence dans le but de restaurer par l’indemnité l’échec d’Abraham. Selon le principe de la prédestination, quand une personne prédestinée par Dieu à accomplir une certaine part de Sa volonté échoue dans sa responsabilité, Dieu ne l’utilise plus une seconde fois. Pourquoi alors Dieu œuvra-t-Il de nouveau avec Abraham en lui demandant d’offrir Isaac ?

On peut avancer trois raisons. Premièrement, 3 est le nombre de l’accomplissement[58]. Le Principe divin stipule que, quand la providence pour établir le fondement pour le Messie a lieu pour la troisième fois, elle doit être menée à son terme. Donc la providence pour établir le fondement pour le Messie, qui débuta par un premier cours dans la famille d’Adam et se poursuivit par un deuxième cours dans la famille de Noé, devait aboutir dans la famille d’Abraham, qui constituait le troisième cours. Voilà pourquoi Dieu donna à Abraham l’occasion d’établir une nouvelle condition d’indemnité, fût-ce à un prix supérieur, réalisant par là une restitution symbolique de tout ce qu’il avait perdu en échouant dans l’offrande symbolique antérieure. Cette condition d’indemnité plus élevée était d’offrir son propre fils Isaac en sacrifice.

Deuxièmement, comme on l’a déjà expliqué, quand Abraham offrit son sacrifice, il était dans la position d’Adam. Satan avait attaqué à la fois Adam et son fils Caïn, profanant cette famille en l’espace de deux générations. Ainsi, en vertu du principe de restauration par l’indemnité, Dieu pouvait œuvrer pour regagner Abraham et son fils en l’espace de deux générations.

Troisièmement, nous avons vu que Noé avait pu faire lui-même l’offrande symbolique de l’arche, bien que dans la même position qu’Adam, qui n’avait pas pu faire l’offrande directement. En effet, il s’appuyait sur le mérite d’Abel qui avait démontré un cœur fidèle en réussissant l’offrande symbolique. Quand Abraham fut appelé par Dieu, il bénéficia du mérite à la fois d’Abel, qui avait réussi l’offrande symbolique au stade de formation, et de Noé, qui avait réussi l’offrande symbolique au stade de croissance. S’appuyant sur cette double base, Abraham devait faire l’offrande symbolique au stade d’accomplissement. Par conséquent, même si Abraham avait échoué, Dieu pouvait le relever et lui donner une autre possibilité de présenter une offrande sur la base du mérite cumulé des cœurs fidèles d’Abel et de Noé.

Avant de pouvoir offrir Isaac en sacrifice, Abraham dut à nouveau montrer une foi véritable en répétant la condition d’indemnité symbolique pour la restauration de la famille d’Adam, comme il l’avait fait au moment de présenter l’offrande symbolique. Voilà pourquoi Abraham fit passer de nouveau Sara pour sa sœur, laissant un roi l’enlever. Il s’agissait cette fois d’Abimélek, le roi de Gérar. Après avoir privé Abraham de sa femme, le roi la lui rendit. Cette fois aussi le roi lui donna des serviteurs et des servantes qui symbolisaient l’humanité, et du bétail qui symbolisait le monde naturel[59].

Comment Abraham offrit-il Isaac ?

Quand ils furent arrivés à l’endroit que Dieu lui avait indiqué, Abraham y éleva l’autel et disposa le bois, puis il lia son fils Isaac et le mit sur l’autel, par-dessus le bois. Abraham étendit la main et saisit le couteau pour immoler son fils. Mais l’Ange de Yahvé l’appela du ciel et dit : « Abraham ! Abraham ! » Il répondit : « Me voici ! » L’Ange dit : « N’étends pas la main contre l’enfant ! Ne lui fais aucun mal ! Je sais maintenant que tu crains Dieu : tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique. » – Gn 22.9-12  

La foi d’Abraham fut absolue. Se pliant à l’ordre de Dieu, il s’apprêtait à tuer Isaac, son fils unique, prêt à l’offrir en holocauste. Dieu intervint à ce moment-là et lui dit de ne pas tuer l’enfant.

Son zèle à faire la volonté de Dieu et ses actes résolus, portés par une foi, une obéissance et une loyauté absolues, placèrent Abraham dans la même position que s’il avait déjà tué Isaac. Il sépara donc complètement Isaac de Satan. Dieu ordonna à Abraham de ne pas tuer Isaac car celui-ci, à présent affranchi de tous liens avec Satan, se tenait du côté de Dieu. Comprenons aussi qu’en disant : « Je sais maintenant… », Dieu révélait à la fois Son courroux envers Abraham pour son échec antérieur dans l’offrande symbolique et Sa joie devant l’offrande réussie d’Isaac. Parce qu’Abraham réussit dans son offrande d’Isaac, la providence de la restauration dans la famille d’Abraham put être menée à bien par Isaac.

Abraham mit trois jours à atteindre le pays de Moriyya où il devait offrir son fils Isaac en holocauste. Cette période de trois jours pour purifier Isaac allait initier un nouveau cours dans la providence. Depuis lors une période de trois jours a été requise pour se séparer de Satan comme point de départ de nouvelles providences. On voit maints exemples de telles périodes dans l’histoire de la providence. Quand Jacob quitta Harân avec sa famille et commença le cours pour restaurer Canaan au niveau familial, il y eut une période de trois jours pour se séparer de Satan[60]. Moïse aussi fit subir aux Israélites une période de trois jours pour se séparer de Satan alors qu’ils quittaient l’Égypte afin de commencer le cours pour restaurer Canaan au niveau national[61]. Quand Jésus commença le cours spirituel pour restaurer Canaan au niveau mondial, il passa trois jours au tombeau afin de permettre une séparation d’avec Satan.

 

3.1.2.3 La position d’Isaac et son offrande symbolique
aux yeux de Dieu

Nous l’avons déjà expliqué : même si l’offrande symbolique d’Abraham s’était soldée par un échec, selon le Principe, il restait une base afin que le fondement pour le Messie puisse être établi, centré sur Abraham. Mais, ayant failli à sa responsabilité, Abraham n’était plus qualifié pour refaire lui-même l’offrande symbolique[62]. D’une façon ou d’une autre, Dieu devait trouver le moyen de traiter Abraham comme s’il n’avait pas échoué dans l’offrande symbolique ni causé la prolongation de la providence. Pour y parvenir, Il lui ordonna d’offrir Isaac en holocauste.

Dieu avait naguère promis à Abraham qu’Il ferait jaillir de la lignée d’Isaac un peuple élu :

Alors cette parole de Yahvé lui fut adressée : « Celui-là [Ismaël] ne sera pas ton héritier, mais bien quelqu’un issu de ton sang. » Il le conduisit dehors et dit : « Lève les yeux au ciel et dénombre les étoiles si tu peux les dénombrer » et il lui dit : « Telle sera ta postérité. » – Gn 15.4-5

Quand Abraham fut sur le point d’immoler son fils, l’héritier même promis par Dieu, il montra une loyauté suprême envers le Ciel. Par cet acte de foi, c’était comme si Abraham mettait fin à sa propre vie – une vie profanée par Satan en raison de son échec antérieur dans l’offrande symbolique. Par conséquent, quand Dieu sauva Isaac de la mort, Abraham fut lui aussi ramené à la vie et délivré des liens par lesquels Satan l’avait tenu lors de la profanation de son offrande symbolique. De plus, Abraham et Isaac atteignirent une unité inséparable dans leur fidélité à la volonté de Dieu.

Bien qu’Isaac et Abraham aient été deux individus distincts, quand Dieu les ramena à la vie, ils devinrent comme un seul être à Ses yeux. Bien que la providence liée à Abraham ait échoué et se soit prolongée avec Isaac, la victoire d’Isaac devenait la victoire d’Abraham. Dieu était donc en droit de traiter Abraham comme s’il n’avait pas échoué et comme si la providence n’avait pas dû être prolongée.

On ne saurait dire clairement l’âge d’Isaac quand Abraham l’offrit en sacrifice. En tout cas, le garçon était suffisamment âgé pour porter le bois de l’holocauste[63] ; voyant qu’il n’y avait pas d’agneau à offrir, il s’en inquiéta auprès de son père[64]. Isaac semblait en âge de comprendre les desseins d’Abraham. Nous pouvons en conclure qu’il aida son père, même en sachant que celui-ci s’apprêtait à l’offrir en sacrifice.

Si Isaac avait résisté à la tentative de son père de l’offrir en sacrifice, Dieu n’aurait assurément pas accepté l’offrande. En fait, Isaac montra une foi aussi grande que celle d’Abraham. Leur foi commune fit le succès de l’offrande, et Satan n’eut aucun moyen de les retenir. Lors de l’offrande, Isaac et Abraham traversèrent un processus de mort et de résurrection. Deux choses furent dès lors acquises. D’abord, Abraham réussit à se séparer de Satan qui l’avait envahi à cause de son erreur dans l’offrande symbolique. Il restaura la position qu’il avait eue avant de commettre son erreur et transféra sa mission providentielle à Isaac à partir de sa position restaurée. En outre, en observant scrupuleusement la volonté de Dieu, Isaac hérita de la mission divine d’Abraham et témoigna d’une foi le qualifiant pour faire l’offrande symbolique.

Après que la mission divine fut passée d’Abraham à Isaac, Abraham offrit le bélier fourni par le Ciel comme substitut pour Isaac :

Abraham leva les yeux et vit un bélier, qui s’était pris par les cornes dans un buisson, et Abraham alla prendre le bélier et l’offrit en holocauste à la place de son fils. – Gn 22.13

C’était en fait l’offrande symbolique par laquelle Isaac restaurait le fondement de foi. Isaac ayant aidé à porter le bois de l’holocauste, nous en déduisons qu’il a pris part à l’offrande du bélier. Ainsi, même s’il est écrit qu’Abraham fit l’offrande symbolique, Isaac, qui s’était uni à lui et avait hérité de sa mission, se vit attribuer un rôle providentiel dans l’offrande. De cette façon, ayant hérité de la mission d’Abraham, Isaac fit l’offrande symbolique et restaura par l’indemnité le fondement de foi.

 

3.2       Le fondement de substance

Isaac est donc devenu la figure centrale pour restaurer le fondement de foi à la place d’Abraham. Il établit le fondement de foi en faisant l’offrande symbolique du bélier d’une façon acceptable par Dieu. Pour établir le fondement pour le Messie dans la famille d’Isaac, il fallait ensuite poser le fondement de substance. Pour ce faire, les fils d’Isaac, Ésaü et Jacob, devaient être placés dans les positions respectives de Caïn et d’Abel. En faisant une offrande substantielle, ils avaient la responsabilité d’établir la condition d’indemnité pour éliminer la nature déchue et de poser ainsi le fondement de substance.

Sans l’échec d’Abraham dans l’offrande symbolique, Isaac et son demi-frère Ismaël auraient eu les positions d’Abel et de Caïn. Ils auraient eu la responsabilité d’établir la condition d’indemnité pour éliminer la nature déchue que Caïn et Abel n’avaient pas établie. Toutefois, parce qu’Abraham avait échoué dans l’offrande, Dieu plaça Isaac dans la position d’Abraham, Ésaü et Jacob dans les positions prévues initialement pour Ismaël et Isaac. C’était alors à Ésaü et Jacob d’établir la condition d’indemnité pour éliminer la nature déchue.

Afin de réaliser l’offrande substantielle, Ésaü et Jacob se retrouvèrent dans les mêmes positions devant leur père Isaac que Caïn et Abel par rapport à Adam, ou Sem et Cham par rapport à Noé. Le fils aîné d’Isaac, Ésaü, représentait la première offrande symbolique d’Abraham profanée par Satan alors que le cadet, Jacob, représentait l’offrande d’Isaac, par laquelle Satan fut écarté. De plus, Ésaü assumait le rôle de Caïn, représentant le mal, tandis que Jacob se tenait dans la position d’Abel, représentant le bien. Ésaü et Jacob commencèrent à se heurter dans le sein de leur mère[65] car ils occupaient ces positions antagonistes. Déjà à ce moment-là, Dieu aimait Jacob et haïssait Ésaü[66], mais c’était pour une raison providentielle : ils étaient censés restaurer par l’indemnité les erreurs que Caïn et Abel avaient faites dans leur offrande.

Or, avant qu’Ésaü et Jacob ne puissent établir la condition d’indemnité pour éliminer la nature déchue et faire l’offrande substantielle, Jacob devait établir la condition d’indemnité pour restaurer la position d’Abel. En tout, Jacob avait les missions suivantes : d’abord il lui fallait établir la condition d’indemnité pour restaurer la position d’Abel, la figure centrale de l’offrande substantielle. Puis il devait faire l’offrande substantielle. Enfin, comme on le montrera dans la prochaine section, Jacob devait entrer en Égypte pour commencer le cours d’indemnité de 400 ans requis des descendants d’Abraham à cause de la faute de ce dernier dans l’offrande symbolique.

Voyons de quelle façon Jacob établit la condition d’indemnité pour restaurer la position d’Abel. D’abord Jacob remplit une condition de victoire dans la lutte pour restaurer le droit d’aînesse au niveau individuel. Parce que Satan dominait l’univers créé par Dieu, il occupait la position de fils aîné. Dieu était refoulé dans la position de cadet, à partir de laquelle il Lui fallait trouver Son chemin pour restaurer le droit d’aînesse. Voilà pourquoi Dieu a favorisé les cadets aux dépens des aînés, comme dans le cas d’Ésaü et Jacob : « J’ai aimé Jacob mais j’ai haï Ésaü[67]. » Jacob, en tant que cadet ayant la responsabilité de restaurer le droit d’aînesse, l’obtint habilement d’Ésaü en échange d’un peu de pain et d’un potage de lentilles[68]. Parce que Jacob faisait grand cas du droit d’aînesse et qu’il fit tous les efforts pour le subtiliser à son frère, Dieu le fit bénir par Isaac[69]. À l’inverse, Dieu ne bénit pas Ésaü : il tenait si peu à son droit d’aînesse qu’il l’avait troqué contre un plat de lentilles.

Deuxièmement, Jacob se rendit à Harân, qui représentait le monde satanique. Après avoir enduré 21 ans de corvées, il triompha de Laban dans le combat pour restaurer le droit d’aînesse en gagnant sa famille et des richesses qui lui revenaient de plein droit. Après cette victoire, Jacob revint en Canaan.

Troisièmement, sur le chemin de retour vers Canaan, la terre promise, Jacob triompha lors d’un combat avec un ange au gué du Yabboq, restaurant ainsi le règne sur l’ange dans une lutte substantielle. Par ces trois victoires Jacob restaura par l’indemnité la position d’Abel. Ce faisant, Jacob se qualifia pour l’offrande substantielle.

Ésaü et Jacob ont ainsi regagné les positions dans lesquelles Caïn et Abel s’étaient tenus au moment où Dieu avait accepté l’offrande d’Abel. Par conséquent, pour que Jacob et Ésaü établissent la condition d’indemnité pour éliminer la nature déchue, Ésaü devait aimer Jacob, le respecter comme son médiateur vis-à-vis de Dieu, se soumettre docilement aux directives de Jacob, et enfin multiplier le bien après l’avoir hérité de celui qui portait la bénédiction de Dieu. De fait, quand Jacob retourna en Canaan avec sa famille et ses richesses après avoir subi 21 ans d’épreuves à Harân, il amena Ésaü à surmonter son hostilité antérieure :

Jacob, levant les yeux, vit qu’Ésaü arrivait accompagné de quatre cents hommes. Alors, il répartit les enfants entre Léa, Rachel et les deux servantes, il mit en tête les servantes et leurs enfants, plus loin Léa et ses enfants, plus loin Rachel et Joseph. Cependant, lui-même passa devant eux et se prosterna sept fois à terre avant d’aborder son frère. Mais Ésaü, courant à sa rencontre, le prit dans ses bras, se jeta à son cou et l’embrassa en pleurant. – Gn 33.1-4

Quand Ésaü ouvrit les bras et accueillit chaleureusement Jacob, tous deux établirent la condition d’indemnité pour éliminer la nature déchue. C’était la première fois que le fondement de substance était posé avec succès.

Quand Ésaü et Jacob réussirent à faire l’offrande substantielle, ils restaurèrent par l’indemnité les échecs dans les offrandes substantielles précédentes : l’échec de Caïn et Abel dans la famille d’Adam, et celui de Cham et Sem dans la famille de Noé. Leur victoire dans la providence centrée sur Abraham restaurait aussi dans une famille, horizontalement, le long cours vertical de l’histoire durant lequel Dieu avait œuvré pour restaurer le fondement de substance.

Ésaü avait été dans la situation d’être haï de Dieu depuis le sein maternel[70], uniquement parce qu’il se trouvait dans la position de Caïn, lequel était du côté de Satan, et ceci dans le but d’établir une condition d’indemnité pour la providence de la restauration. Par sa soumission à Jacob et l’accomplissement de sa part de responsabilité, il se tint dans la position de Caïn restauré et fut enfin en mesure de recevoir l’amour de Dieu.

 

3.3       Le fondement pour le Messie

L’œuvre de Dieu pour l’établissement du fondement pour le Messie, qu’Il avait d’abord tenté de poser dans la famille d’Adam, a dû être entreprise trois fois, parce que les figures centrales de la providence de la restauration n’avaient pu remplir leur part de responsabilité. La troisième tentative eut lieu au temps d’Abraham, mais même celle-là dut être prolongée quand Abraham échoua dans l’offrande symbolique. Isaac et sa famille héritèrent de la volonté de Dieu et posèrent le fondement de foi et le fondement de substance. Le fondement pour le Messie était enfin établi. On aurait pu s’attendre à ce que le Messie vînt sur la terre à cette époque.

Toutefois, le fondement pour le Messie requiert aussi un environnement social propice à sa venue. Ce fondement doit créer pour le monde satanique la possibilité d’être restauré en Royaume de Dieu dirigé par le Messie. Dans la providence des familles d’Adam et de Noé, aucune autre famille n’aurait pu attaquer ou corrompre ces familles centrales. Si l’une ou l’autre de ces familles avait posé le fondement pour le Messie au niveau familial, ce dernier aurait pu venir sans opposition. Mais à l’époque d’Abraham, les êtres humains déchus avaient déjà bâti des nations sataniques qui pouvaient aisément soumettre la famille d’Abraham. Dès lors, le fondement pour le Messie avait beau être posé à cette époque, c’était un fondement limité, de portée familiale. Le Messie n’aurait pu venir sans danger sur un tel fondement. Il fallait le fondement d’un État souverain pour se mesurer aux nations du monde satanique.

Un tel soutien aurait été nécessaire même si Abraham n’avait pas échoué dans l’offrande symbolique mais avait réussi avec ses fils, Isaac et Ismaël, à faire l’offrande substantielle pour poser le fondement familial pour le Messie. La venue du Messie était risquée tant que les descendants d’Abraham ne s’étaient pas multipliés en Canaan, établissant ainsi le fondement national pour le Messie. En tout état de cause, bien qu’ayant établi le fondement familial pour le Messie, les descendants d’Isaac allaient devoir quitter leur patrie et souffrir en terre étrangère pendant 400 ans comme prix pour la faute d’Abraham. Malgré leur souffrance en Égypte, ils allaient croître et renforcer la cohésion de leur peuple. Ils allaient revenir en Canaan pour y bâtir le fondement national pour le Messie, en établissant une nation souveraine préparée pour le Messie et son œuvre[71].

L’erreur d’Abraham dans l’offrande symbolique avait placé un cours d’indemnité sur les épaules de ses descendants. Jacob, et non Isaac, allait commencer ce cours. En fait, celui qui porte le fardeau majeur sur la voie de l’indemnité est la personne de type Abel, en position centrale dans l’offrande substantielle. Abel dans la famille d’Adam, Cham dans la famille de Noé, Isaac dans la famille d’Abraham et Jacob dans la famille d’Isaac ont porté les fardeaux majeurs en traversant les cours d’indemnité prévus pour leur famille. Parmi eux Jacob fut la seule personne de type Abel à avoir achevé le fondement pour le Messie. Aussi a-t-il emprunté le cours type pour se séparer de Satan, établissant le modèle que le Messie aurait à suivre à son avènement[72].

Les membres de la famille de Jacob se tenaient sur le fondement pour le Messie, qui avait été établi dans la famille d’Isaac. Héritant de la position de la famille d’Isaac, ils se lancèrent dans l’accomplissement de la providence de la restauration confiée à Abraham en prenant responsabilité pour le péché d’Abraham et en s’engageant dans un cours d’indemnité de 400 ans. Dans la famille d’Isaac ce fut Jacob, en position d’Abel, qui parcourut dans sa totalité un chemin d’indemnité. Dans la famille de Jacob, c’était Joseph, le fils de Rachel – l’épouse de Jacob du côté de Dieu – qui devait assurer la position d’Abel en entrant en Égypte et en parcourant le chemin de l’indemnité. Après avoir été vendu comme esclave par ses frères et emmené en Égypte, Joseph fut élevé à la position de Premier ministre d’Égypte vers l’âge de 30 ans. Il voyait ainsi se réaliser une prophétie que Dieu lui avait donnée dans deux songes alors qu’il était encore enfant[73]. D’abord les demi-frères de Joseph, issus de Léa – la femme de Jacob du côté de Satan – entrèrent en Égypte et se soumirent à lui. Plus tard, tous les enfants de Jacob vinrent en Égypte, emmenant finalement leur père avec eux. Ainsi la famille de Jacob commença-t-elle le cours d’indemnité pour bâtir la nation qui recevrait un jour le Messie.

Jacob, la figure centrale ayant posé le fondement pour le Messie dans la famille d’Isaac, avait la responsabilité de porter sur ses épaules le péché d’Abraham. Sa responsabilité était aussi de commencer un cours d’indemnité pour réaliser au niveau national la volonté de Dieu qui avait été confiée à Isaac. C’est pourquoi, tout comme dans le cas d’Abraham et Isaac, Dieu considérait Abraham, Isaac et Jacob comme une même personne par rapport à Sa volonté, même s’il s’agissait de trois individus différents. La réussite de Jacob signifiait donc celle d’Isaac, et la réussite d’Isaac signifiait celle d’Abraham. La providence de la restauration centrée sur Abraham, bien qu’étendue à Isaac et Jacob, en vint à être vue par Dieu comme si elle avait été accomplie dans la seule génération d’Abraham, sans aucune prolongation. Il est écrit : « Je suis le Dieu de ton père, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob[74]. » Ce verset indique que, même s’ils représentaient trois générations, Dieu considérait comme une seule génération ces ancêtres qui avaient accompli ensemble Sa volonté.

Dieu voulait accomplir le but de Sa providence en établissant le fondement national pour le Messie et en envoyant le Messie dans cette nation préparée. Pour accomplir cela, Dieu fit entrer la famille de Jacob en Égypte, le monde satanique, où elle allait subir l’esclavage pendant 400 ans. Puis, comme promis à Abraham, Dieu allait la multipler pour former le peuple élu, puis la ramener en Canaan.

Le fondement pour le Messie posé par la famille d’Isaac servit de base pour commencer le cours d’indemnité qui allait établir le fondement national pour le Messie. La période de 2 000 ans d’Adam à Abraham a effectivement établi les bases pour que cette providence nationale commence dans le cycle suivant.

En conclusion, Jacob fut victorieux en prenant responsabilité pour le cours d’indemnité qui devait réparer la faute d’Abraham. Usant de sagesse pour réaliser la volonté de Dieu, Jacob triompha, en tant qu’individu, dans sa lutte avec Ésaü pour obtenir le droit d’aînesse. Il alla à Harân et triompha, au niveau familial, à l’issue d’une lutte de 21 ans avec son oncle Laban, pour obtenir le droit d’aînesse. S’en revenant d’Harân vers Canaan, Jacob fut vainqueur dans le combat avec l’ange. Il fut le premier homme déchu à établir la condition d’indemnité pour restaurer le règne sur l’ange. À la suite de quoi, il reçut le nom d’« Israël[75] », ce qui signifiait qu’il avait créé le modèle et posé le fondement sur lequel le peuple élu allait être établi. Fort de ses victoires et revenu en Canaan, Jacob gagna le cœur d’Ésaü et ensemble ils établirent la condition d’indemnité pour éliminer la nature déchue.

Ainsi Jacob accomplit-il victorieusement le cours modèle amenant Satan à se soumettre. Moïse, Jésus et même le peuple d’Israël allaient emprunter plus tard ce chemin en suivant le modèle tracé par Jacob. L’histoire du peuple d’Israël peut être utilisée comme une bonne source d’information pour comprendre le cours qui amène Satan à se soumettre au niveau national. Voilà pourquoi cette histoire est centrale dans l’étude de la providence de la restauration.

 

3.4       Quelques leçons tirées du cours d’Abraham

Tout d’abord, le cours d’Abraham montre que la prédestination de Dieu concernant la façon dont Sa volonté se réalise est conditionnelle. La providence de la restauration ne peut être menée à bien par le seul pouvoir de Dieu ; elle ne peut s’accomplir que conjointement avec l’accomplissement de la part de responsabilité de l’être humain. Ainsi, bien que Dieu ait appelé Abraham dans le but d’accomplir la providence de la restauration, quand il échoua dans sa part de responsabilité, la volonté de Dieu ne put s’accomplir.

Deuxièmement, le cours d’Abraham illustre que la prédestination de Dieu pour les êtres humains est conditionnelle. Bien que Dieu ait prédestiné Abraham à être le père de la foi, quand il ne put accomplir sa part de responsabilité dans l’offrande, cette mission se prolongea avec Isaac et Jacob.

Troisièmement, le cours d’Abraham nous montre que, quand les êtres humains échouent dans l’accomplissement de leur responsabilité, la réalisation de la volonté de Dieu est toujours retardée, et Sa providence de la restauration requiert l’accomplissement d’une condition d’indemnité plus grande. Dans le cas d’Abraham, la volonté de Dieu devait s’accomplir par le simple sacrifice d’animaux ; toutefois, après l’échec de celui-ci, la volonté de Dieu se réalisa par l’offrande de son fils bien-aimé, Isaac, en holocauste et fut achevée grâce à Isaac et Jacob.

Quatrièmement, le partage en deux des sacrifices par Abraham nous enseigne que chacun de nous doit diviser son être comme une offrande pour séparer le bien du mal. Une vie de foi signifie que nous nous plaçons dans la position de l’offrande. C’est seulement en divisant le bien et le mal en nous-mêmes que nous pouvons devenir des offrandes vivantes qui plaisent à Dieu. Nous devrions constamment séparer le bien du mal en nous-mêmes en prenant pour critère la volonté de Dieu. Faute d’agir ainsi, nous créons une condition qui permet à Satan de nous envahir.

[1].    cf. Messie 2.1

[2].    cf. Restauration 1.1

[3].    Mt 6.24

[4].    Gn 3.5

[5].    cf. Chute 2.2

[6].    Gn 4.7

[7].    Ex 12.29

[8].    Nb 1.50-53 ; Dt 31.25

[9].    Rm 9.11-13

[10].   Gn 48.14

[11].   Gn 4.3-5

[12].   Gn 4.3-4

[13].   He 11.4

[14].   Rm 7.22

[15].   Rm 7.25

[16].   Jr 17.9

[17].   Jn 14.6

[18].   cf. Chute 4.1

[19].   Rm 8.22

[20].   Jr 17.9

[21].   Gn 4.25

[22].   Gn 6.13

[23].   Gn 9.7

[24].   Gn 1.28

[25].   Gn 6.11

[26].   Gn 6.9

[27].   cf. Périodes 2.4

[28].   Gn 8.6-8

[29].   Am 3.7

[30].   Gn 1.2

[31].   Gn 4.7

[32].   Gn 7.10

[33].   Gn 8.9

[34].   Gn 8.10-11

[35].   Lc 9.58

[36].   Gn 8.12

[37].   Ap 21.1-3

[38].   cf. Prédestination 2

[39].   Gn 9.20-25

[40].   cf. Chute 4.5

[41].   Gn 2.25

[42].   Gn 3.7-8

[43].   Nb 14.34

[44].   Selon la Bible, Dieu réduisit l’espérance de vie après Noé. Ainsi, les dix générations d’Adam à Noé prirent 1 600 ans, alors que les dix générations de Noé à Abraham ne prirent que 400 ans.

[45].   Jos 24.2-3

[46].   Gn 12.4-5

[47].   cf. Moïse et Jésus 1.2

[48].   Gn 15.9

[49].   Gn 6.9

[50].   Rm 1.17

[51].   Gn 12.10-20

[52].   Mt 3.16

[53].   Jn 1.29

[54].   Jg 14.18

[55].   Gn 4.7

[56].   Gn 8.6-7

[57].   Gn 22.2

[58].   cf. Périodes 2.4

[59].   Gn 20.1-18

[60].   Gn 31.20-22

[61].   Ex 8.23

[62].   cf. Prédestination 3

[63].   Gn 22.6

[64].   Gn 22.7

[65].   Gn 25.22-23

[66].   Rm 9.11-13

[67].   Ml 1.2-3

[68].   Gn 25.29-34

[69].   Gn 27.27-29

[70].   Rm 9.11-13

[71].   cf. Moïse et Jésus 2.2.3.3

[72].   cf. Moïse et Jésus 1

[73].   Gn 37.5-11

[74].   Ex 3.6

[75].   Gn 32.28-29